L’autre soir, je me suis installée devant la télévision, j’avais droit à mon premier film de science-fiction. Ce titre, méfiez-vous d’eux m’avait été recommandé chaudement. Dans le fauteuil, maïs soufflé à la main, j’étais prête à entrer dans un autre univers. Une musique annonçant un événement imminent jouait depuis peu, j’avais les jambes et les bras crispés, je ne savais à quoi m’attendre. L’ambiance était mystérieuse, une petite fille s’approchait hésitante devant une assiette où des restes de nourriture semblait grouiller de vie.
Elle s’avance, frôle du pied l’assiette puis ouvre la bouche, tétanisée ! Je l’imite par effroi, ma bouche est aussi grande que le grenier. Pas le temps d'identifier ce qu’il y avait dedans, la chose a sauté de la télévision et a atterri dans l’ouverture humide, de ma bouche, toujours béante, devant l’impossible réalité. Un extraterrestre est bel et bien entré dans mon corps.
D’instinct, je tousse, je crache, je mets mes doigts dans ma bouche à la recherche de l’intrus, il glisse, tombe, dans ma gorge. Je panique, j’appelle les secours. Ma voix passe de l’aigu au grave, elle résonne, cafouille. Je ne sais pas si c’est l’énervement ou le petit bonhomme vert qui joue avec mes cordes vocales. La préposée finit par raccrocher croyant que je faisais une blague au goût douteux.
J’ai une idée, je vais prendre du rince-bouche, ça devrait le faire sortir, au pire, ça le désinfectera. En grande rasade j’en avale. Aucun effet à l’horizon à part ma gorge qui est en feu. Je prends du sirop expectorant, c’est marqué, que ça expulse le mucus. L’extraterrestre s’agite, je crois qu’il capitule, puis je sens quelque chose descendre dans mon estomac. Je suis terrorisée ! Un extraterrestre, ça ne se digère sûrement pas ! Mon ventre gargouille, émet des sons plus qu’étrange, je le soupçonne d’essayer de communiquer avec sa colonie. Vite, un anti acide, pour brouiller les ondes. J’en prends une bonne quantité question de bien enrober l’intrus et l’empêcher de parler.
Je crois que ça fonctionne, tout est calme depuis un moment. Il est soit pris au piège, soit il est mort noyé. Je dois maintenant m’en débarrasser. Mais comment ? Ah ! oui, nous avons des laxatifs, j’espère qu’il n’a pas gonflé pendant son séjour dans l’estomac. Je prends quadruple dose, mieux vaut être prudente. J’attends…. Pas un bruit, j’ai presque la certitude que j’ai eu raison de l’intrus.
Enfin, je suis presque contente d’avoir mal au ventre, le laxatif fait son effet et emportera avec lui cet ignoble inconnu qui s’est invité sans s’il-vous-plait. Vite, ça presse, faut que j’aille aux toilettes. Une bouillie verte, malodorante, emplie la cuvette. Ma petite sœur sonne l’alerte, maman, ça pue dans la salle de bain ! Lydia est là depuis au moins 30 minutes ! Ma mère accoure, régler le conflit, entre dans la salle de bain, se bouche le nez à la vitesse d’une supernova, regarde dans la cuvette, recule d’un pas. Elle me dit mais qu’est-ce que c’est ? On va à l’hôpital, je vais prendre un échantillon. Non lui dis-je ! Je tire la chasse d’eau au cas où il ressusciterait. Je me sens mal, j’accompagne volontiers ma mère à l’hôpital, on me diagnostique une intoxication aux médicaments. Foutu extraterrestre, il a effacé toutes traces de son passage. Je dois maintenant prendre du repos, en espérant que celui de intrus soit éternel. Je ne prends pas de chance, j’éteins la télé et je me couvre jusqu’au nez.
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