Les heures cumulées En activité Il était debout Malgré tout Le regard tendu Pauvrement vêtu Dans cette rue des banques Ou jamais ne manque Le soleil ou la pluie Juste pour lui !
Il comptait ses piécettes Recomptait sa recette Des fourgonnettes de billets Venant par milliers Déversaient leur contenu Non loin de ses poches nues Les guichets automatiques Au fonctionnement mystique Crachaient tant d’argent Si prosaïquement À des ombres qui l’ignoraient Lui, il n’avait Que ses piécettes Et un trésor d’ascète Qui tenait dans la petite poche De sa vieille sacoche Tout le jour Debout Le regard sans vices Il proposait ses services
Il criait de toute son énergie « Tonton Y’a cirage, Y’a cirage ici » Et entre deux ombres passantes Il faisait sa comptabilité déconcertante Simple comme la vie Comme un fils qui affronte la vie « Il m’en reste 7 pour pouvoir manger 5 pour revenir demain travailler 3 pour rentrer à la maison sans marcher » Il en avait 2 pour l’instant il devait continuer
Et là-haut au-dessus de sa tête Dans l’immeuble aux mille fenêtres Dans le grand bureau tout haut perché On parlait d’austérité De grands cerveaux de bon cœur Réfléchissaient pour appliquer la rigueur Dans les conditions de prêt Ils suivaient la croissance à la virgule près Ils signaient des papiers de leurs nobles mains Ils décidaient du sort de demain
Il fallait recapitaliser… Combien de milliards il fallait encaisser ? Ahmed, là-bas, tout en bas Comptait ce qu’il n’avait pas « À 11, je pourrai m’acheter un pot de colle Des stylos des cahiers et retourner à l’école À 15, oh ! J’offrirai à ma mère un pagne digne Et peut-être…pour la pêche, une ligne… » Soudain, le voici bousculé et rudoyé Par des gardes d’un corps… de banquier
Installé dans son imposante cylindrée L’important argentier venait de faire décider Mais dans la foulée des gardes et dans la ruée S’était envolé le trésor du môme acquis tout l’été Le conseil avait approuvé les 10 milliards de francs Ahmed venait de perdre son billet de 10.000 francs ! Le Banquier avait renoncé à une partie de ses primes Mais était fier que son amour pour le pays prime Et le billet d’Ahmed emporté par le vent Emporta aussi ses ans
Cette mise en exergue puissante de la pauvreté matérielle, et des différences sociales extrêmes se côtoyant. Un écrit qui touche profondément le cœur mais aussi à l'absurdité Aveuglée de notre Monde avide avide à vide... de bouts de papier... Un Grand Merci pour votre écrit, et Mille Bravos !! C'est un volcan d'injustice et de douleur qui remonte nos âmes.
Tous les textes hébergés par La
Passion des Poèmes sont protégés par les lois
de la protection des droits d'auteurs ainsi que par des traités
internationaux. Il est strictement interdit de distribuer, d'afficher
ou d'utiliser ces textes de quelque manière sans l'autorisation
de l'auteur du texte en question.