J’ai le rare privilège d’avoir un ami président de la République. La magistrature suprême couronne sa longue lutte politique. Mon cas est différent. La publication d’un premier livre récompense mon long parcours académique. J’ai probablement du talent puisque la communauté Wallonie Bruxelles m’a offert un séjour d’auteur pour mon futur recueil de nouvelles. Je pars à Rome le 02 juillet.
Je sais que Rome m’accueillera les bras ouverts. La Ville éternelle est cosmopolite depuis l’Antiquité, contrairement à Athènes qui était une cité fermée aux non-Athéniens. Périclès prônait la démocratie à condition d’avoir la nationalité athénienne grâce à ses deux parents. Je pars à l’Academia Belgica comme un auteur résidant en Belgique, et non comme un barbare. J’aurai un stylo dans le revers de ma veste, et non un poignard. On m’a prévenu ; ma bouche et mes mains seront recouvertes d’un liquide rouge, pas à cause d’un crime, mais à cause de la sauce tomate. Entre la tomate et l’Italie, c’est une grande histoire d’amour.
Je me suis souvent posé la question de savoir comment l’Afrique vivait avant le XVème siècle sans le manioc. Voilà que me vient une deuxième question tout aussi fondamentale : comment l’Italie a pu vivre avant Christophe Colomb sans la tomate ? J’aurai peut-être la réponse en visitant le musée du Vatican. Il regorge d’énigmes non élucidées.
Rome a ce pouvoir qu’ont certaines femmes que je vois dans les média. Cette ville m’excite déjà avant de la rencontrer. A moi aussi de me poser cette question : comment ai-je pu vivre si longtemps éloigné de la cité de Romulus et de Remus ? La réponse est simple : j’étais enfermé dans la petite ceinture de Bruxelles, quelque part entre Art-Loi et la Porte de Namur. J’aurais pu faire preuve de courage pour m’enfuir. Je n’étais pas terrorisé par un colosse en bronze. J’avoue avoir vécu sous le joug d’une statuette en plomb, qui porte un nom flamand, le Manneken-Pis. Et oui, Bruxelles aussi a un dieu. Les Chinois ont des dragons cracheurs de feu. Nous, à Bruxelles, nous avons un cracheur d’eau de robinet. Je ne suis même pas sûr que son jet soit potable.
Je vais donc quitter Bruxelles pour abandonner –provisoirement- un dieu solitaire et m’ouvrir à un panthéon.
Une insurrection des vulnérables face aux infaillibles
Une question va me poursuivre dorénavant : notre Manneken fait-il jaillir une eau potable ?
Ceci dit, bon séjour en la ville de Romulus et Rémus !
Avec un prochain texte qui nous expliquera comment se déroule ce merveilleux séjour.
Amitiés
Vous pouvez prendre connaissance de mon système de versification, si vous le souhaitez (système personnel qui s'écarte des règles purement classiques).
Une question va me poursuivre dorénavant : notre Manneken fait-il jaillir une eau potable ?
Ceci dit, bon séjour en la ville de Romulus et Rémus !
Avec un prochain texte qui nous expliquera comment se déroule ce merveilleux séjour.
Amitiés
Merci Le Poète Masqué pour ton commentaire. Depuis quelques semaines l'eau du Manneken n'est plus potable à cause des écologistes. L'eau ne va plus dans les égouts. Elle tourne dans un circuit fermé. Economie d'eau, c'est bien mais il ne faut plus la boire. Je donnerai des nouvelles de mon enquête sur la tomate à Rome. J.
Une insurrection des vulnérables face aux infaillibles
J'adore cette écriture pleine d'humour. On ne sait pas si c'est du lard au du cochon mais c'est très bon ... avec un humour décalé et cultivé Bonne journée Cidnos
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