Dans le wine bar du camping des gens qui partent griser leurs vies, quelques english descendent des bouteilles de bordeaux comme on boit des bières bon marché. Hilares, ils baragouinent en langue ch'wing-gum des mots que je ne comprends pas. Un peu plus loin au bout du comptoir, il y'a ce couple de français qui pour avoir oublié de se regarder baisse leurs têtes dans le fond d'un cendrier rempli de poumons morts. Tout autour y'a des vélos qui s'épuisent aux jambes des gamins, des poussettes qui braillent aussi fort que le vent sur les feuilles des arbres, et puis cette femme blonde qui lève son coude sans arrêt. Au début j'ai crû qu'elle avait très soif, plusieurs minutes après j'ai compris qu'elle était juste triste et un peu seule sans doute. Les english me saoulent, ils deviennent de plus en plus rouge comme le bout de mes lattes à force de tirer d'ssus. J'ai toujours rien écrit et la nuit commence doucement à tomber. Les gosses rentrent dans leurs maisons mobiles prendre une douche et les madames préparent à bouffer pour leurs bouches vides. L'air est frais lorsqu'il se couche sur mes épaules nues, je commande un autre verre.
Demain j'irai à la plage.
*
Je suis chargée comme une bourrique, entre les raquettes en bois, les planches pour draguer les vagues et les crèmes pour niquer le soleil, je n'en peux plus! Je me faufile un chemin entre des crêpes et des parasols, putain de sable chaud qui engloutit mes pieds avec sadisme, j'ai comme une démarche d'après minuit. Je m'installe enfin entre une paire de nibards qui pend et trois paires de p'tits culs stringués qui cherchent le mâle. Mon môme veut surfer comme Braïce, je m'exécute en bonne mère que je suis... La mer est en colère! Ses rouleaux SM me fouettent les mollets et pour en rajouter des coquillages en miettes me niquent les orteils! Une tasse ! Deux tasses ! Je me relève la gueule en épagneul breton avec le maillot qui joue au yoyo entre mes fesses ! A la troisième torchée j'ai dit stop lorsqu'en me relevant j'avais le poids des couilles d'un homme au fond de ma culotte, putain d'sable...
Après tout ça j'ai regardé mon gamin défier les vagues à coup de ridicules digues pour les empêcher d'envahir son château, et puis c'est arrivé...alors il a pris le sable lourd et mouillé et l'a jeté à la figure de l'océan. Il était beau, il était le plus fort.
De la prose comme j'aime avec un bon sens de l'observation et une bonne dose de dérision et d'humour, d'aillleurs je note: C'est pas putain d' couilles mais putain d'sable : bonne année et encore plein de " joie " au camping pour 2017 Jc
Tous les textes hébergés par La
Passion des Poèmes sont protégés par les lois
de la protection des droits d'auteurs ainsi que par des traités
internationaux. Il est strictement interdit de distribuer, d'afficher
ou d'utiliser ces textes de quelque manière sans l'autorisation
de l'auteur du texte en question.