J’avais attrapé la misère du côté de la Goutte d’or Elle avait grignoté mes rêves crevassé mes doigts gonflé une bulle d’indifférence autour de ma dépouille Elle sentait l‘humus et la mort dans l’hiver bleuissant des nuits sans étoiles elle s’étalait sur le sol comme une mauvaise réussite
Pourtant j’étais cariste j’avais dans mes mains l’acier des machines pour déplacer le monde Pourtant j’avais Virginie elle était si belle que mes palpitations chérissaient son corps à en oublier de vivre Pourtant Pauline ma fille avec son babil de mésange et le précieux de ses mains tricotait des rangées de douceur
J’avais attrapé la misère et les vapeurs hostiles des mauvais alcools et les cabanes en carton pour garder le chaud et les dents qui tombent en oubliant de faire mal et les petites pièces souvent orphelines et les passants qui fleurent bon les pauvres parfums et qui marchent vite la tête dans les nuages pour oublier la honte et mon odeur indiscrète
Ce soir elle est venue avec son café diamant noir de la nuit avec la douceur en papillotes avec les mots caressants du beau monde avec du pain blanc et du jambon rose Ce soir elle est venue dernier gardien de phare sur la route des déserts amoureux elle est venue elle a osé me toucher elle a prononcé mon nom je l’avais oublié dans les eaux profondes de mes vagabondages
Elle maraudait du côté de Pigalle elle était venue pour moi juste pour moi pour moi
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