Je me fais mal. Je m’accroche à lui pour avoir cette impression de briser mon cœur. Je me rattache à la vie. Je me fais si mal. Tant qu’il y aura à détruire, il y aura la douleur. Et la douleur est l’essence de la vie, la preuve que nous ne sommes pas morts. Non je ne tournerai pas la page, je ne l’oublierai jamais. Car ce chagrin me maintient en vie. Je le garderai en moi jusqu’à l’épuisement, jusqu’à ce qu’il ronge tout et me laisse vide. Ce vide qui portera son nom. Je ne veux rien d’autre que lui, qu’il me hante. Je conserverai ainsi quelque chose de lui, son merveilleux souvenir. Je ferai de la mélodie de ses si beaux mots, mon requiem. Je choisis de garder le vide délicieux qu’il m’a laissé que de renier mes sentiments, mon amour pour lui. Je laisse aux autres la chance de trouver le vrai sourire, le plaisir de vivre. Je ne suis rien sans lui, rien que l’épave d’un violent passé, qu’une enfant détruite par un amour haineux, malheureux. Je suis née dans le mensonge, l’illusion. J’ai grandis en enfer, au milieu de la passion trop forte, en plein dans la déchéance humaine. Je l’ai rencontré et il m’a offert le désir de vivre à s’en faire mal. Se tuer à la vie pour ne pas mourir. Mais j’ai tout perdu. Il n’y a qu’avec lui que je me sens bien. Je sais qu’il est encore là, mais ce n’est qu’une amitié de plus. Et j’ai besoin de son je t’aime d’amour, je voudrais juste qu’il m’aime comme je l’aime. Trop fort. J’y ai vraiment cru, je me suis désespérément emparée de ses paroles, j’ai ancré son doux mensonge d’amour au fond de moi. Et ça m’a pourrit. Je vis avec une profonde cicatrice ouverte à jamais. Je porte les morceaux de mon âme entre les doigts, chacun est marqué de son sceau. Je veux vivre avec ces meurtrissures car elles sont la seule preuve que j’ai existé pour lui, qu’il y a eu un nous aussi faux soit-il. J’ai été heureuse, à ses dépens certes, mais je l’ai été. J’aurais aimé qu’il soit mon roi, et ne pas régner seule sur notre royaume. J’aurais aimé que le « notre » de son poème ne soit pas qu’une chimère. J’aurais aimé vivre pour lui, mais je me retrouve à me broyer pour ne pas partir, pour ne pas le perdre définitivement. Car la mort n’est que la poussière du temps, ce n’est rien, absolument rien du tout. Je veux mourir parce que je l’aurais trop aimé, à m’en crever le cœur, à m’en exploser les veines. Hémorragie. Overdose de lui. J’aimerais mourir dans ses bras à écouter son âme chanter, mais je crèverai seule. Je serrerai son souvenir contre moi, le sourire aux lèvres, les joues noyées de larmes. Ce n’est pas triste, je n’ai pas envie de me foutre en l’air, je veux seulement écouter encore et encore ce refrain aux notes mélancoliques que chante mon cœur. Cette histoire destructrice mais tellement belle que hurle mon être entier. Le récit d’une chute vertigineuse, la mélodie d’une triste euphorie amoureuse. Un poème sur un souffle de vie saccadé mais portant au creux de ses vers, l’espoir. Le plus beau texte que j’aurais écrit, l’œuvre de ma vie. Toi. Et je t’aime encore et encore. Plus le temps passe, et plus je t’aime. Ce devrait être le contraire, mais j’ai toujours vécu à l’opposé des autres. Ils avancent, je recule. Ils sourient, je pleure. Ils aiment, je hais. Ils vivent à petites doses, je meurs à petits feux. Je tombe, tombe, tombe… toujours plus bas. Mais je t’aime et je vais continuer à me déchirer pour te garder. Je n’ai jamais aimé comme il faut. Avant ce n’était pas assez, aujourd’hui c’est trop. Beaucoup trop. Je me fais mal, si mal… |