Dépravée des pavés, Claque-talons Croque-macadam Tac tac tac ! Machin-truc-madame, Saute-flaques, Bas mouillés Filés Résignés aux résilles. Ortie Femme-lierre Grimpe-rideaux, Donne sa langue aux chastes. Larmes des gouttières Des toits en rut, Mauvaise herbe Sème-cailloux, Et plante-merde.
Petite chienne sans chaînes et maîtres S’est faite mettre, sauter Pleine de puces De tics et de tocs, Gratte-portes Toc toc toc ! S’est faite sacrer Pleine de sucre de pisse, Ultra-violée, Petite chienne aux rayons X Gratte-portes Gratte-ciel.
Traîne des pieds, Reine errante Sans papiers où coucher deux soleils. Dort, Dort à la belle étoile Dort, petit cœur ouvert, Tripes à l’air. Rêves rongés d’éclats de vermeil, D’or, De verre et de vapeurs de nuit. Ferme, Jolis cieux au beurre noir Et meurt Une heure ou deux… Matin cerné Matin pâle Matin demi-écrémé, Catin en satin blême Café sans croissant de lune, Plumes sans oreiller Oreiller sans taie, Sans thé Sans thé !
Au bois dormant, dans une poubelle Papiers mâchés, amochés, En boules de nerfs Prières qui roulent. Poésie déchirée Tâchée Crachée Raturée Oubliée Avortée. Un enfant, une hirondelle, Poésie accouchée Dans l'herbe Dévoilée Réincarnée Carnassière. Cahier corné, écorce gravée, - L’arbre à paraboles - Un cri dans un écrin, Un murmure sur le mur Des sens, Sous la douche, sur la bouche, Des goûts. Envolée, envolée ! Aux quatre coins Des ruelles... Iront d’elle, iront d’elle : Métros pressés Passants stressés Chiens délaissés... Coiffée sur un poteau : Poésie !
Traîne des pieds, Reine errante Sans papiers où coucher deux soleils. Dort, Dort à la belle étoile Dort, petit cœur ouvert, Tripes à l’air. Rêves rongés d’éclats de vermeil, D’or, De verre et de vapeurs de nuit.
Ces vers là... Cette troisième strophe qui me...
La reine, on dirait qu'elle se nomme Émilie... Le Reine Émilie du Pierre le Grand...
J'aime. Beaucoup. Beaucoup.
(Là-haut l'absence entière et le bleu charbonnant.) Par le jour se levaient des géants tristes, un violon en carton-pâte sous le rêve. (Fernand O. -Le Soleil sous la mort)
J'aime bien quand tu poétises de cette manière, même si cela n'a rien de BEAU en soi, d'esthétique selon le classique...mais cela claque, dérange, choque avec des mots "parfaits"l .Quelques exemples, juste pour la beauté du geste :
Petite chienne sans chaînes et maîtres S’est faite mettre, sauter
Traîne des pieds, Reine errante Sans papiers où coucher deux soleils.
C'est un poème incroyable! Une transgression des sujets, des styles. D'origine allemande, cela me rappelle les poèmes expressionnistes les plus tranchants!
Je savais pas que la langue française puisse être si flexible.
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