J’avais presque oublié à quel point c’est beau, le jazz. Leurs mains s’ébattent au flanc de leur guitare, la basse chatouille les cordes oubliées d’une autre dimension. Les anges d’un jour ont les doigts magiques et les notes aussi, puisqu’elles s’élèvent et résonnent contre les vitres de la salle comme des clochettes sur le traîneau du Père Noël.
Personne ne sait réellement ce qu’elle faisait là, et à qui elle pensait quand elle écrivait, mais elle était là
La guitare électrique a la mesure qui s’embête, qui s’empêtre là où il ne faut pas, la guitare électrique se démène et se déchaîne, valse autour des tables du cabaret et embrasse la serveuse au passage, la guitare électrique a le son qui fait s’échapper.
Je ne nommerai pas le saxophone, et parce que.
L’or et l’argent virevoltent avec les plateaux, une dame en jupon court et chante un air jazzé style « bar » ; la ligne des hommes à la guitare est toujours droite. Mes mains ne fournissent plus et j’ai la tête plongée dans une folie complètement absurde, je me noie entre les portées. Les notes dansent le swing ; il est tentant d’esquisser quelques pas faussement assurés qui impressionneraient les hommes aux cigares, mais la démarche me ramène à l’ordre. Les guitares crient à en perdre la voix, la symbiose est parfaite.
La dernière note nous fait languir, mais la ligne des hommes à la guitare est toujours droite. Ils sont plus beaux que le plus beau des diamants. C’est joli.
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