Parfois je me surprends à penser au jour, et à toute cette neige qui bientôt disparaîtra avec l'hiver, comme un tourbillon infini, noir et vide. C'est quand c'est blanc que c'est joli. Et le froid à ma peau me rassure, en me chantant que je suis toujours en vie. Nul besoin de pincer. Je vis un gros rêve ou un cauchemar, au choix, qui ne se termine jamais. Et quand je cours pour attraper l'autobus, il part et il s'en va, au lointain, comme tous les autres, les précédents et les suivants aussi, il s'enfuit et moi je reste là sur place, les deux bras qui pendent jusqu'au sol comme deux bâtons encombrants; et je ne sais pas où les mettre. J'arpente les rues comme on taille une pièce en bois, rayant sur ma carte les noms et les chemins; je ne passe jamais deux fois au même endroit. Mais l'autobus lui, il tourne en rond comme une chanson, parfois je le croise mais jamais il ne m'attends, non, jamais. Il est un mythe qui part et qui revient, il amène ses passagers au phare lointain; ceux qui ne voient et ne verront pas à quelques mètres, à cause du brouillard qui les entoure; parfois je me demande s'il y a vraiment des gens dans ce vaisseau. S'il n'est qu'un mythe, mythe, une pure invention de mon esprit comme tant d'autres choses encore. Mais quand même, il va et il court, il ne s'arrête pas. Même pas pour m'attendre.
en retapant une deuxième dimension s'élevait à mes côtés, comme un univers à part créé par mes propres moyens, si inexistants soient-ils. Il fallait faire vite. Les mots avaient l'air si beaux que je ne croyais pas une seconde qu'ils eurent un jour pu sortir de ma bouche. Mais c'était les miens. with everything that you have dear Je ne savais plus quels étaient miens, quels étaient vôtres; je ne savais plus. Mon ignorance est le miroir du futur que je dessine mollement de mes mains mortes. De mes mains mortes d'une mer encore plus morte. and all you see / la rue morte morte morte morte j'espère ne pas finir avec ces décombres qu'on enterre sans remords, qu'on enfouit dans la terre comme de vulgaires machins, déchets, parce qu'en fait c'est ce qu'ils sont. Je vois des racines qui grimpent d'une fenêtre pour se mourir dans la vitre d'un aquarium. C'est joli. is where else you could be Le temps passe. Les fleurs se fanent et meure, comme tout le reste, comme mes mots, comme la mort elle-même, parce que oui, c'est vrai, logiquement, la mort mourra pour renaître de ses cendres un soir de novembre brumeux, comme moi, comme tout quoi.
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