en fait, la version que j'avais écrit ne me plaît pas du tout, je vais l'effacer d'ailleurs ( désolé pour ceux qui y ont apposé des commentaires). je dirais pas que celle ci est mieux, mais en tout cas elle me convient plus.
j'ai, de plus, rajouté un petit bout de l'histoire. mais je publierai la suite très vite ( au cas ou ça en intéresse certains ^^ )
Comme régulièrement depuis quelques temps, j’étais aujourd’hui restée prostrée devant ma fenêtre, me laissant envahir par de sombres pensées. La neige tombait au dehors, recouvrant le paysage d’un voile de pudeur et de virginité et sous cet habit floconneux le monde me paraissait comme figé. Aussi figé que je l’étais. Comme une réponse ironique à ma misérable situation, j’avais observé toute la journée les allées et venus des voisins, qui s’affairaient telles des millions de petites fourmis. Tous pressés, et sûrement attendus quelque part. A cet instant, la petite vieille d’en face, qui soit dit en passant était devenue complètement gâteuse depuis la mort de son mari ,tentait tant bien que mal de lutter contre la bourrasque qui tourbillonnait à l’extérieur. Serrant son manteau contre elle, elle marchait aussi vite que le permettait ses frêles jambes. Je l’observais, se diriger le dos courbé vers sa boîte aux lettres, l’ouvrir puis revenir avec empressement se pelotonner au chaud. Et ceci pour la cinquième fois de la journée. Ces longues journées passées à discuter avec un cadre à photos avaient certainement eu raison du peu de lucidité qu’il lui restait. Ce lotissement que j’observe ainsi des journée entières, derrière cette satanée fenêtre me rappelle les hivers où j’étais de l’autre côté. A faire des bonhomme de neige, à m’écorcher les genoux sur ces allées verglacées. Mais dehors je ne vois plus que la neige et la brume. Le cauchemar des hivers. Celui des nuits interminables et de ces allées, devenues impraticables Et je ne ressens plus que ces secondes, infiniment distendues quand je vacille à la limite du supportable.
Je poussai un long soupir et un nuage de buée se dessina sur le carreau en face de moi. Avec mon doigt j’y dessinai un petit soleil.
Ce serait bientôt le printemps. Puis l’automne. Puis de nouveau l’hiver. L’enfouissement sous la neige. Les lentes journées semblables et le temps comme une inexorable agonie. Gagnée par le sommeil de la nature, je doute qu’un jour la neige puisse fondre, la vie réapparaître.
Une voiture passe en klaxonnant et me tire violemment de mon sommeil. Je tente de me relever mais mon dos me fait horriblement mal et j’ai la sensation que des milliers de petits soldats, avançant d’un pas cadencé, ont élu domicile dans ma tête. Je peste en silence. C’est comme ça tous les matins, je regrette l’ivresse de la veille et je maudis l’alcool qui a encore réussi à avoir raison de moi. Toutes ces belles pensées, qui ne sont plus que des résidus de volonté la nuit et le froid venus. Le jour se lève à peine et j’aperçois encore quelques femmes arpentant le trottoir. Les lèvres ourlées d’un rouge amer et le regard aguicheur. Leurs talons claquent sur la pierre et résonnent dans ma tête. Mes tempes brûlent.
Je finis de rassembler mes idées et me mets debout. Pas étonnant que je me sente si mal, je n’ai apparemment même pas eu le courage de dénicher un bout de carton la nuit dernière. A dormir à même le pavé je vais finir par vraiment m’esquinter le dos. Au fur et à mesure que je m’extirpe de mon brouillard nocturne, j’observe machinalement ce qui se passe autour de moi. Le jour commence à peine à se lever mais déjà la ville fourmille de monde. L’épicier en face s’affaire derrière sa devanture et je l’aperçois, entre deux rangées de pâtisseries, qui me fusille du coin des yeux. Ce regard, auquel j’ai fini par ne plus accorder d’attention, je pourrais y lire tout le mépris et le dégoût envers le gamin des rues que j’ai fini par devenir. Oui j’ai le cheveu filasse et gras, je pue, je suis sale et la seule chose que je sache à peu près bien faire c’est voler pour survivre. Je suis sûrement né dans un recoin de ruelle et je parie sur mes chances d’y mourir. Voilà que je me mets à réfléchir maintenant, il manquait plus que ça tiens.
Je déambule maintenant calmement sur ces trottoirs sales où, sans relâche, les restes de la nuit meurtrissent la lumière. Inconsciemment, je me dirige vers le centre ville où se trouvent les grands hôtels. Je m‘y rends maintenant tous les jours, dans l’espoir de tomber sur quelques touristes, que mes grands yeux noirs et ma frêle silhouette apitoieront. Voilà un autre truc que je sais faire. Je fais pitié.
La pluie s’est mise à tomber .Je l’écoute ricocher sur le pavé et lève les yeux sur le ciel du matin. Des petites gouttelettes glissent le long de mes joues, tracent deux lignes blanches sur ma peau crasse et finissent par s’échouer à mes pieds.
Il est 5h du matin et la journée promet d’être longue.
La radio crache les premières notes d’un morceau. Je reconnais aussitôt. I can believe the news today, oh I can’t close my eyes and make it go way. Papa reprend le refrain en hurlant à tue tête, comme à son habitude. Il chante horriblement faux mais son petit numéro de rocker à toujours beaucoup fait rire maman.
Je jette un coup d’œil par la vitre. Il neige de plus en plus dehors. Pendant un instant, je me laisse charmer par le ballet des flocons qui dansent, portés par le vent. Puis je pose ma tête contre la vitre et m’endors, bercée par les vibrations de la voiture.
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