Les deux pieds dans la boue, le soleil dans les yeux, je patauge aujourd’hui dans une jolie rivière. Je suis sur le terrain pour échantillonner une espèce d’intérêt. Il s’agit de prélever un petit bout de nageoire et de remettre les individus rapidement à l’eau, pour minimiser la possible fragilisation due à cette manipulation. Il ne s’agit pas de «plomber» l’espèce mais d’essayer de comprendre la fragmentation de la répartition de ses populations. La génétique peut nous aider à voir quels individus sont proches génétiquement, donc quelles populations ont des échanges entre elles, présentent un brassage génétique. Ainsi, nous aurons une idée des trajets que ces individus sont capables de réaliser sur le réseau hydrographique. C’est-à-dire, en déduire la connectivité existante. Peut-être les seuils qui parcourent la région hydrographique empêchent-ils le passage des individus ? A moins que les connexions ne présentent pas des conditions en adéquation avec les exigences écologiques de cette espèce très demandeuse ? Toujours est-il que la rivière est jolie. La boue sur mes waders est une boue presque « propre ». Parce que l’espèce étudiée ne se retrouve que dans les milieux au véritable « très bon état écologique », avec un profil qui laisse la place au « désordre naturel » : oui, cette espèce aime les souches d’arbres, les embâcles qui tombent au fond de l’eau et leur procurent caches et nourriture. Mais la semaine dernière, j’étais dans l’eau, sous le soleil là aussi. Oui, j’étais dans l’eau. Dans les serviettes hygiéniques et les déjections humaines. Evidemment, il a fallu que je me casse la figure dans ce canal. Un de ceux qui regorgent de truites bien grasses car « bien » nourries, et dont le faciès hydrogéomorphique leur procure deux éléments essentiels : cache sous les rochers, oxygène. Dommage qu’elles nagent parmi les rejets des agglomérations en amont. Et pourtant, la France est équipée en stations d’épuration. Quand est-il à l’autre bout du monde ? Ainsi, voilà que l’on court après les espèces rares et demandeuses pour comprendre l’état des cours d’eau, parce que l’eau, c’est peut-être qu’une petite partie du territoire, mais, c’est ce que certains appellent aussi « l’or bleu ». Ainsi, voilà que l’on court après l’envie de comprendre le degré de notre impact sur le milieu. Mais ne devrait-ce pas être là la pensée fondatrice de l’écologie à ce jour ? Tenter de comprendre ce que devient quelque chose, ici une science, c’est aussi se tourner vers son passé pour en comprendre ce qui l’a construit, ce qui la construit, ce qui la construira peut-être.
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Le mot que l’on accole à celui de crise présume de l’urgence de la situation. Aujourd’hui, nous sommes dans une crise grave de l’économie. Mais l’économie reste un objet de l’humain. L’argent est réalité pour une société. Il n’est rien de vital pour une cellule, un organe, un organisme vivant. Il l’est et par le biais du confort qu’il apporte aux humains qui en possèdent et par la manière dont la société s’en sert. Mais la vie en tant que telle existe sans l’économie. La crise environnementale est liée à ce qui entoure « l’humain ». L’humain voit un changement dans la nature qui l’entoure. Mais ce n’est pas encore si urgent. Car la vie existe encore. Une crise qui serait en termes de vie et de mort, si elle arrivait, ne parlerait plus de compromis et de choix mais de nécessité et de survie. Quand les probabilités d’occurrence (il y a ou il n’y a plus) remplacent les jugements de valeurs et préférences, alors la balance commence-t-elle son épanchement ?
Un texte engagé qui dénonce bien des choses qui ne cessent de fuir la réalité de la pauvreté, de nombreuses personnes ferment les yeux sur se suicide de groupe !
Je me permets de rebondir sur ce petit bout de texte pour dire "pas tout à fait". Certaines sociétés se sont développées sans "argent"... Et j'espère qu'il y en aura d'autres dans le futur.
Il en va de même pour l'économie.
En revanche, une société sans économie est difficilement concevable. En revanche une économie qui soit en cohérence avec l'environnement l'est.
Cependant... En a-t-on vraiment envie ?
Il y a une gangrène actuellement, c'est le manque de "penser" et surtout, l'incapacité à sortir du système. On ne fait plus la différence entre la représentation d'un nombre et le nombre. De la même manière, quand on pense économie, on pense à celle qu'on connaît et on pense selon ses règles... Alors il y a un long travail de fond à faire... Réapprendre à apprendre et à penser.
Elle me dit que mes guerres sont des fleurs fanées et qu'il reste une terre pour l'aimer ici bas
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