C’est étrange cet après midi du mois de mars, alors que je suis sur un train, autre que celui que nous prenons tous, autre que celui qu’on prend quand on a le cœur qui bat plus que d’habitude…ce train là, c’est le train en métal, froid, identique à soi, libre sur sa voie à deux sens, et ponctuel dans ses actions sans traces , qui me rappellent un certain retour éternel de Nietzsche….Suivant avec une complaisance de l’esprit presque immanente à ma volonté cette grande flèche garnis de soupirs de toutes intentions, je commence à sentir que quelqu’un me contemple, que quelqu’un d’extérieur à moi est entrain de me décortiquer par son simple regard….alors je recherche d’un coup d’œil discret et furtif dans le compartiment une paire d’yeux qui dissimulerait une pensée anodine ou élaborée envers moi…..mais tout ce monde intestin qui est là avec ses raisons vagabondes qui sommeillent chacune comme moi dans cette boite de rêves plus réels qu’oniriques, qui échappent à l’avidité de la chaire certes, mais qui ne laissent échapper le réel et même dans un petit clique……… Voilà qu’un mélange de chair dans les vingtaines se réveille …..mais je crois que pour partir satisfaire ses besoins dans un coin isolé du train….peut être un jour viendra où nous nous lèverons que pour aller chier et voir encore….bon, je crois que c’est un autre sujet ça…je disais que je sentais et je sens encore un œil extérieur qui me scrute, et j’ai peur d’exagérer si je dis qui nous scrute, moi ainsi que cette bête d’acier aveugle sur sa voie à double sens….et c’est une angoisse ténébreuse qui vient souffler son vent dans mes entrailles quand cette idée machinale commence à tourner plus vigoureusement que les roues métalliques qui me supportent en progressant solennellement vers l’idée primitive qui a fait de moi un humain, et ce avec une persévérance et une ingéniosité qui dépasserait celle du spermatozoïde le plus entraîné dans sa recherche inconsciente de tendresse…..Mais moi, c’est une tendresse que je peux qualifier d’infernale qui m’ouvre ses bras arachnéens …. que je me suis presque évanoui un moment dans une angoisse délicieuse qui se referme en cercle sur elle-même et moi à l’intérieur comme un minuscule regard qui s’est égaré entre un œil et un miroir et il ne trouve que la fenêtre pour échapper à la malicieuse impasse…. A ma première perception, c’est une toile dont je distingue deux plages différentes, une supérieure en bleu blême et obscure que des mottes de clarté viennent tacheter, et l’autre inférieur en vert tantôt claire, tantôt foncé ou bien grisâtre, et des fois tout cela en une seconde de lumière perçue….enfin de ce qui en survie encore (je veux dire de cette seconde)….car c’est une toile animée, vivante, dont les couleurs meurent paisiblement et doucement….. Entre les deux plages il y a une ligne de partage comme un rivage, comme si c’est le bord lointain du paysage de ma conscience…mais tout se remodèle à chaque clin d’œil comme s’il s’agit là d’une patte entre les mains curieuses et créatives d’un petit enfant…..mais bien que les formes et les motifs changent, le partage reste le même avec cette ligne qui ruisselle en cachette et toujours introvertie sur son ventre et ses pensées…. En ce temps là, je me rappelle que c’est le printemps ; et moi qui passe mon temps à vouloir comprendre ‹‹une saison en enfer››, je traîne à comprendre comment ces deux corps en face de moi - d’une voix si langoureuse et de gestes ‹‹trop›› naturels, et tellement innocents dans la recherche d’un recoin de plaisir dans un mouvement qui se dit trop égaré- ont pu concilier ses voies animales qui viennent d’en plus bas, avec toutes les philosophies qui tombent d’en haut comme une grosse pierre avec toute la poussière qui s’acharne à couvrir seulement en surface, et cela comme s’il s’agirait de peau avec des tatouages incompris- des cœurs, des fleurs, des pleurs… de toutes les couleurs- une nature lourde de pollen et qui veut se sentir légère dans ses printemps réinventés….comme notre lugubre terre dont toutes sortes de fraîcheurs caressant sans visage aux innombrable, envoûtantes, captivantes et insignifiantes (jusqu’à la tombe) rides peinent à lui faire oublier qu’elle est une boule de lave…….
Je sais maintenant qui est ce qui me scrute…..c’est la vie…..de toute part…
un jour tu vies, un jour tu meurs, un jour tu ries, un jour tu pleurs, c'est ça la vie...c'est ça l'amour
Tous les textes hébergés par La
Passion des Poèmes sont protégés par les lois
de la protection des droits d'auteurs ainsi que par des traités
internationaux. Il est strictement interdit de distribuer, d'afficher
ou d'utiliser ces textes de quelque manière sans l'autorisation
de l'auteur du texte en question.