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LPDP :: Poèmes collectifs :: Black Bunkœur (repost) - Aubépin des Ardrets feat Aude vertical_align_bottom arrow_forward_ios

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Audrey Deroze


Mais tant que je te plais Que m'importe le temps ?
   
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13 sept à 18:37
  Publié: 5 déc 2021 à 11:30
Modifié:  3 févr 2022 à 08:01 par Audrey Deroze
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« Ma prof' m'a dit :
Qu’est-ce tu vas faire quand tu seras grand, renoi ?
Rien, j’veux faire de l’oseille »

( Booba-Illégal - 2008 )

Amadéo, c’était son nom,
Mais il disait Amadeus,
Pour s’imposer, pour donner l’ton :
Mozart du flow, nouveau négus
De la 6-T qui va crack-er
Et de la langue qui fait rapper.
 
Ses dieux c’étaient Nekfeu, Booba,
KPoint, Fianso, et les anciens
113, Suprême, le Secteur Ä.
Son fief c’était les 4 Chemins,
Le centre à la périphérie
De Babylone qu’on nomme Paris.
 
Daron Congo, daronne Mali,
Peau noire dans des immeubles blancs,
Avec en bas tous les rallyes
De quads pour casser les jours lents
De motos sur les roues arrière
Et puis les keufs qui courent derrière.
 
Sa chambre c’était un’ salle de sport :
Des poids, des barres, des sangl’s des cordes,
Et sous sa peau roulait un corps
Qui provoquait de grands désordres
Dans l’octogone où ça frappait
Et chez les go qui le mataient.

Kalasch, Skorpio, pistolets Glock,
Il avait tout tenu en main.
Il connaissait dans tous les blocs
Les labyrinthes et les chemins
Des deals, des planques et de la drogue
Ou du doggy style sans prologues.
 
Avec tout ça et puis sa rage
Il pouvait envoyer du lourd,
Des sons de oufs et qui arrachent
Des beats à démonter Soundcloud.
Le seul obstacle c’était le flow,
La rime, le clash et le bon mot.

Parc’ que « Doudou » - surnom gentil -
C’était pas Césaire ou Damas,
Sedar Senghor, Labou Tansi,
C’était des mots sans carré d’as :
Christian très beau chez Cyrano ;
Devant Roxane un narvalo.

Mais on peut n’être pas lumière
Et avoir des idées badass :
Il se souvint du temps scolaire
Et de la bourge un peu pétasse
Qui lui apprenait le français
Pendant qu’il glandait au lycée.
 
C’était la seule de tous ses profs
Qu’était respectée des élèves.
Malgré son style, malgré son gloss,
Elle avait toujours à ses lèvres
Le mot qui tue, le mot qui calme
Et sous son pull un’ putain de came !

Il se revoit au fond d’la classe :
À dérouler sur Instagram
Les selfies des avions de chasse,
Avec son vieux poto Houssam.
Son bull’tin affichait zéro
En français, histoire et géo,

Tous ces zéros s’additionnaient
Comme sur un compte en banque en Suisse.
La prof, au tableau, crayonnait,
Il préférait mater ses cuisses,
Elle était loin d'être un cageot,
Il la voyait dans son pageot.

La prof parlait de Marivaux
De l’amour et puis du hasard.
« L’amour, c’te blague, ce gros mytho
Inventé par des p’tits crevards !
Moi, j’vais te la faire brève :
Pour moi c’est juste nique ou crève. »

Le blempro d’avoir tout séché,
C’est qu’il était resté ado.
C’est con parc’que ça l’empêchait
D’écrire du rap. C’est pas fado
D’être une resta et d’faire du flouze
Si tes punchlines puent trop la loose.

Il s’acharnait à nuits complètes
À composer sur des beats lourds,
Mais il savait qu’dans la compète
Faut du gâteau, pas des petits fours.
Il savait lorsque venait l’aube
Qu’il n’avait écrit que d’la daube.

Au lycée pro de son ter-ter,
Il aurait pu un peu taffer,
S’il avait été plus déter.
Ça lui donne envie d’se baffer.
Il fouille en chien tout l’Internet
Pour retrouver la blondinette,

Cette prof, qui n’était pas si con,
Puisqu’elle lui avait dit une fois :
« Tu réussiras, mon garçon,
Si un jour tu te sors les doigts »
Ou bien un truc un peu mieux dit
Mais, bref, qu’il valait un radis.

Sur l’écran, sa photo s’affiche.
Décidément elle est bonasse,
Il hésite, puis il se dit : chiche !
Je lui demande un face-à face,
Un cours particulier de slam :
« C’est moi, Amadéo, Madame. »

Il s’endort après un pétard,
Rêvant de sa célébrité
Et à midi, dans son plumard
Il prend son phone, tout excité,
Elle a répondu au message :
« Êtes-vous enfin devenu sage ? »

Dans la cuisine, Aminata,
Apostrophe, rit et puis se plaint
Dans des éclats de lingala
Et des épluchures de plantains.
On est le 27 et la paye
Est arrivée : y’a de l’oseille

Sûr qu’elle prépare un plat de viande
Car c’est la fête en fin de mois.
Sékou qu’est aussi dans la chambre
Fait une partie de GTA :
Il organise un car jacking
Sur une tablette Android

« Pour vous je serez toujours sage »,
Amadéo a l’cœur qui bat,
« J’veut fer des courts de ratrappage,
Est-ce que j’peut m’porter candidat ? »
Sékou transpire - faut pas s’louper -
Il bute le keum et sa poupée.

Dans le couloir, Farah, Bintou
Et Maimouna rient et attrapent
Le petit Jacques – elles disent « Jacou »  –
Qu’elles ont déguisé en pirate.
Il est ici pour la journée,
Sa maman travaille à Rosny

« Amadéo, j’ai toujours su
Qu’un jour vous seriez raisonnable »
Adrénaline, faut dire aussi
Qu’elle est vraiment super baisable :
Sur la photo de son profil
Le petit top tient à deux fils

« Vous êtes toujours aussi fâché
Avec les mots et l’orthographe
De Molière et de son français
Que quand vous fréquentiez les classes ? »
Rolepa cette manière de dire « vous »
Putain, y’me faut un RDV !

« Oui, c’est pour ça que j’ait besoin
De revoir avec vous les bazes
J’voudrait écrire à coups de points,
Mais quant je me relis c’est naze »
Dans ses mains le téléphone tremble,
Et disparaît tant elles sont grandes

Jacou a faim, le fait savoir,
Les filles aussi. Aminata
Les appelle et sort un bavoir
Juste après avoir mis la tabl’
« Je suis à Berthelot mardi
Vous faut-il un cours ce jour-ci ? »

En appuyant sur « Envoyer »
Sixtine, Apolline, Constance
d'Estanssac et de Carroyer
Fait un sourire de bienveillance
À Charles-Antoine et Enguerrand
Ses deux enfants si différents

— Alea jacta est…, Grands Dieux !
Ce qu’il est grand, ce qu’il est beau,
Et je revois encore ses yeux
Qui me fouillaient. Amadéo :
La force pure, l’Apollon noir
Qui me dévorait du regard.

Il se pointe à l’heure, le jour dit,
Capuche façon Assassin’s Creed,
il pleut sur Pantin, ce mardi,
Comme quand il dealait de la weed.
Pourvu qu’il ne tombe pas sur un
Négro vengeur ou un cousin…

Sixtine attend en salle de perm
Amadeo le revenant,
Elle se dit qu’elle restera ferme.
« Il doit bien avoir ving-neuf ans ?
Allons, compose une attitude,
Il vient reprendre ses études ! »

Il se pointe à trois heures moins l’quart.
Dans son vieux bahut, il fait tache
Parmi les gosses : un vrai tricard,
Un poulet devant une kalash.
La prof assise, tête penchée
Sur des interros, déhanchée,

Il voit son 4 couleurs qui bouge,
Descend sur le croisé des jambes,
Cette meuf envoie de l’infra-rouge
Et ça lui chauffe l’entre-jambes.
Il reste un moment immobile
Devant la porte. « Quel gros débile,

C’que j’vais lui dire ? Jen sais trop rien. »
Elle lève la tête et lui sourit,
Fait un signe qui veut lui dire « viens »
Ça le glace comme un bistouri.
Il s’approche , son corps en balance
Mains dans les fouilles, fausse indolence.

« Bonjour Amadeo, ça va ?
Qu’êtes vous devenu depuis
Presque dix ans ? Hé oui, déjà ! »
Il rigole, son regard la fuit,
« Ben pas grand’chose, j’ai bullé… »
Elle s’en veut d’avoir calculé

Ces dix années qui les repoussent,
Au temps des classes de bac pro.
Tripotant son stylo, elle glousse,
Remonte une mèche, elle en fait trop.
Il ne dit rien, assis, voûté,
Sa voix lui semble… veloutée.

« Voilà, y’a pas longtemps, j’pensais
Que j’avais fait une grosse connerie
En bossant pas sur le français.
Avec un pote j’ai fait l’pari
Que j’pourrais composer des rimes
Et que j’pourrais m’payer la frime.

Pourquoi pas, aussi, sur d'la zic,
Les dire, ces mots ? Un projet cool,
Sur une petite instru basique.
Mais c’que j’écris, c’est que d’la s’moule,
Ça vole au ras du macadam,
Vous pourriez p’têt m’aider, Madame ? »

Une seconde s’installe un blanc
Dans le cerveau de l’enseignante.
Ce jeune noir est assez franc
Et ses lèvres sont attirantes…
« Hé bien, c’est une idée baroque,
Du rap ? Moi, je suis, plutôt rock… »

Elle s’interrompt, s’empourpre un peu,
À la vision des longues mains,
Du sweat passé à même la peau
Et des yeux doux sur ses deux seins
« … oui, c’est vraiment … vraiment … cocasse !
Les mots attendent qu’on les … ramasse… »

Ell’ sait qu’il lui faut retrouver
Le fil perdu de ses paroles
Mais le sang chaud qu’elle sent couver
À la jugulaire du bel homme
Provoque comme un mini-chaos
D’émotions chez la prof catho

Combien ces mains ont-elles tenu
De femmes aux seins, aux jambes, aux cuisses ?
Combien de fois ce beau charnu
Des lèvres a-t-il bu au calice
De corps tremblant nus de désir
Avant que de l’y voir périr ?

« Nan, mais Madame, si ça l’fait pas
On laisse béton, moi j’men balec »,
Il lui sourit dans tout l’éclat
De ses dents blanches d’émail impec’.
Sixtine retrouve l’ancien ado,
Se rétablit : « Amadéo,

Moi, je suis prof par sacerdoce,
Souvenez-vous de Rabelais :
Il nous dit que quand y a un os
Il faut le rompre pour y trouver
Cette très substantifique moelle
Qui à l’esprit donne des ailes ».

Amadéo a décroché. Sixtine poursuit :
« Cet os c’est vous, Amadéo,
Dans laquelle la moelle est enfouie,
Saisissez-vous bien mon propos ? »
« C’est tout vu M’dame, j’ai tout compris :
Vous m’les brisez », et il sourit.

« Non c’est toi qu’il faudra briser
Pour faire sortir le diamant brut
De tous ces mots électrisés
Sur lesquels maintenant tu buttes.
L’ancien ado a du respect
Et il entrevoit le succès.

« D’accord Madame, vous savez quoi ?
Moi j’vous raconte ma vie et tout,
Et vous vous m’faites d’la rime de roi
Comme vous v’nez d’faire mais sans tabou.
Avec les mots qui m’viennent en vrac
Et tout ce que vous avez dans l’sac »

« Vous voulez dire comme un piano :
Un ebony, une ivory ;
Vous dans les clashs, moi dans les mots ;
Blanc dans du black façon Bounty ? »
« Bingo dans l’mil ! C’est ça que j’veux !
Des mots que jrappe pour fout’ le feu ! »

Le feu, elle le voit et le nerf,
Il est bien motivé ce type,
Pas comme ses élèves ordinaires,
Hébétés de stéréotypes.
En un instant, elle se décide
Sans être tout-à-fait lucide.

Patient, il attend la sentence
En guettant dans ses yeux turquoise
Son accord ou sa résistance,
Il sait pas gérer les bourgeoises.
Après une seconde immense
Elle dit : « Et quand est-ce qu’on commence ? ».



  L'hiver faisait la rue mouillée Dans l'obscurité bleu marine O comme j'adorais mordiller Ta lèvre comme une mandarine
SHElene


Il y a un phoque dans ma piscine
   
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  Publié: 5 déc 2021 à 14:50
Modifié:  5 déc 2021 à 15:07 par SHElene
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Super challenge.
J'ai adoré le rythme, le contexte, les tranches de vie.
Un "Triomphe" version Aude et Aubépin

Tu nous fais signe quand il sort son premier album

  SHElene
QUOIQOUIJE

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Aujourd'hui à 11:36
  Publié: 5 déc 2021 à 17:11 Citer vertical_align_bottom

Du vécu ?
Encore un couplet et t'en aurais écrits 50 (compte rond)

Mais loin du Mahâbhârata : le plus long poème du monde de 250 000 vers

Bel écrit en commun
Y a des mots qui me sont restés hors de portée le temps de fouiller sur le net
Bizarre qu'ils aient passé la censure du langage

 
Audrey Deroze


Mais tant que je te plais Que m'importe le temps ?
   
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13 sept à 18:37
  Publié: 10 déc 2021 à 08:06 Citer vertical_align_bottom

Citation de SHElene
Super challenge.
J'ai adoré le rythme, le contexte, les tranches de vie.
Un "Triomphe" version Aude et Aubépin

Tu nous fais signe quand il sort son premier album



Merci SHElene, je n'y manquerai pas.

Citation de QUOIQOUIJE
Du vécu ?
Encore un couplet et t'en aurais écrits 50 (compte rond)

Mais loin du Mahâbhârata : le plus long poème du monde de 250 000 vers

Bel écrit en commun
Y a des mots qui me sont restés hors de portée le temps de fouiller sur le net
Bizarre qu'ils aient passé la censure du langage



C'est la faute à Aubépin ! Moi j'aime les textes courts.
Mais en même temps, il fallait poser une certaine temporalité.
C'est vrai, j'aurais dû me faire taper sur les doigts pour le vocabulaire, mais que veux-tu, la correction est débordée.

Merci QUOIQOUIJE

  L'hiver faisait la rue mouillée Dans l'obscurité bleu marine O comme j'adorais mordiller Ta lèvre comme une mandarine
samamuse
Impossible d'afficher l'image
l'important ce n'est pas le bruit c'est de savoir d'où il vient
   
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29 juillet 2014
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4 juin à 05:21
  Publié: 3 févr 2022 à 05:53 Citer vertical_align_bottom

merci à vous deux.
ça me rappelle des souvenirs sur un ancien copain.
grosses bises à vous deux de SAM

 
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