Je le dis sans ambages ma muse est infidèle capricieuse, volage et bien souvent la belle Lassée de mes écrits Prodigue ses amours dit-elle par dépit à d'autres troubadours. j'avoue de bonne grâce, loin de faire son bien ma pauvre plume hélas la laisse sur sa faim. Alors elle propose et son luth et sa lyre à ceux que rime ou prose sont en peine d'écrire: Poétereaux en panne Félibres, métromanes. je ne jalouse pas, elle fait ce qu'elle veut. je m'en vais de ce pas vous faire un autre aveu: oui ma muse m'amuse Quand enfin revenue de ses fines parties Me narre par le menu Vos désirs vos envies avouées de vers épiques; vos nuits et pages blanches à traquer la métrique et belles consonances; et je le crains, contents Qu'enfin Malherbe vint édicter tout de go sa vision de ce grand niais d'alexandrin disloqué par Hugo* décasyllabe, t'es sure quatre/six la césure? D'autres même d'après elle Considérant comme vains Antonin le rebelle ou Rimbaud le Divin! A cet instant je devinai ma muse penaude; repentante de ses frasques poético-amoureuses, et je la consolai: " reviens belle coureuse poser ton aile sur mon épaule, nous sommes libres, complices depuis toujours. Qu'importe tout cela, ensemble encore ferons gicler les mots, gros, tendres laids et provocateurs: et comme toujours revendiquerons la fantaisie l'amour et l'auto dérision; jamais poéterons plus haut qu'il n'est décent! Allez viens, je vais te dire à l'oreille cette merveille: " L'homme et la Mer ", Bernard Dimey, tu te souviens? Et nous irons boire un canon au bistro d'Alphonse. Tiens, puisque tu me promets de me rester dorénavant fidèle, je le sors de sa boite mon vieux saxo, mon copain ma prothèse; nous jouerons pour toi, rien que pour toi des notes bleues et fausses, qu'importe ! ". Et plus tard dans la night, irons gueuler nos colères, éjaculer nos révoltes, comme il se doit, comme si nous étions de vrais poètes. --------------------
* " J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin " (V.Hugo 1856)
Joliment exprimé. La seule chose qui manque...sont les alexandrins. Je ne vois qu'une suite de hexasyllabes. Je déplore aussi le thème abordé : faire une poésie sur la poésie, c'est redondant et presque du radotage. Cela dit, j'ai aimé.
Klafooty : Je me moque un peu du vénérable alexandrin, il n'était donc pas question d'écrire en 12 syllabes ( oui, ne pas confondre avec pieds ! ) Et puis ce n'est pas un texte "sur" la poésie. Plutôt une façon de maltraiter gentiment un conformisme souvent castrateur dans ce domaine. Et maitriser la technique, ce qui est à la portée de presque tous, ne suffit pas à faire de vous un poète.
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