Les mots sont des bateaux qui partent en voyage. Certains, quittant le port, s’en vont pour un naufrage Jamais ils ne verront les côtes attendues, Sombrant dans les eaux bleues d’une vague perdue.
D’autres prennent le large et, la cale remplie De messages d’amour, de paix, enfin de vie, Ils espèrent toucher des plages abordables, Ouvertes, pour le moins, aux accueils agréables.
Sur le quai du départ tous les espoirs agitent Leur mouchoir, crient «bon vent» et les larmes hésitent À se fondre aux embruns. Mais au noroît contraire, La parole s’envole et invite à se taire.
Le verbe est déjà veuf, l’adjectif, inutile. Ces deux-là se perdent en parole futile Dans le roulis sans fin de l’incompréhension. Les esquifs, eux, cinglent sans y faire attention.
Les mots sont des bateaux qui n’ont guère d’amarres Et qu’on laisse voguer au plus grand des hasards. Roses de Ronsard, ils ne vivent qu’un instant. Au bout du voyage, hélas, nul ne les attend.
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