L'année suivante, toujours en charge du CM 1, un autre enfant attira mon attention.Eric était un élève instable et secret, qui vivait à l'écart de ses camarades.En classe, il suivait péniblement, et savait à peine lire. Quelques années auparavant, sa grande sœur avait été mon élève, et je connaissais bien la famille. Ses absences, sans mot d'excuse, se répétant souvent, je demandai à la Directrice de convoquer ses parents. Un mois s'écoula, mais personne ne vint me voir.Depuis peu, l'enfant mangeait à la cantine, et le soir, même en hiver, il rentrait seul chez lui, et sa maison était fort éloignée. Un matin, la Directrice me tendit un courrier de l'Assistante Sociale. Quelle ne fut pas ma surprise, en apprenant que la mère de l'enfant était en prison, pour non assistance à enfant en danger! Le jeune garçon était gardé par sa grande sœur, qui travaillait, et il devait attendre qu'elle revienne, pour se mettre à table. Un samedi matin, alors que je ne l'espérais plus,Cendrine vint me voir.Elle avait tellement changé que j'eus du mal à la reconnaître. Tandis que son frère partait dans la cour de récréation, elle vint se confier. Très jeune, son père avait tenté de la violer, et elle s'était enfuie chez ses Grands-parents. Malheureusement, son frère, à son tour, subissait ses assauts. Sa mère, craignant les mauvais traitements, préférait se taire, et jamais n'appela la police.. Lors du procès, les deux parents furent condamnés, et privés du droit de garde. Désormais, étant majeure, la jeune fille s'acquitta de cette tâche. A partir de ce jour nous nous vîmes très souvent, car elle me demandait de la conseiller, en me parlant de ses difficultés. Eric, sentant notre complicité et notre amitié, se mit à travailler sérieusement. J'en fus vraiment très heureuse pour eux, et nous continuâmes, les autres années, à nous rencontrer régulièrement. Eric poursuivit ses études avec succès, et Cendrine épousa un gentil charcutier, et put tenir le commerce avec lui. Ils eurent trois enfants, et le bonheur entra dans cette maison, car Eric vint les aider,et vécut avec eux.
Ce n'est pas un alsacien qui va se plaindre que l'histoire se termine par des saucisses.
Voilà pour l'humour. Quant à ton texte, je l'ai beaucoup aimé qui parle si bien de ces choses, très nombreuses, qui se passent dans l'ombre des familles. Les Québécois disent derrière les volets clos... Merci.
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