Tout à l’heure, j’ai vu « Un rouquin dans le pétrin ». C’est le titre d’un jeu vidéo. Cela m’a rappelé que le grand-père de ma grand-mère était roux. Il paraît que je lui ressemble. Je suis un Congolais, brun de peau avec quelques taches de rousseurs visibles à la loupe. Hé oui, en plus d’être bantou, j’ai des origines caucasiennes auxquelles se sont ajoutés quelques chromosomes de Néandertalien. Le résultant de ce mélange est plus qu’intéressant. Revenons à mon ancêtre, au dix-neuvième siècle, mon arrière-arrière-grand-père a quitté sa Flandre natale pour aller chercher du diamant dans le Kasaï au centre du Congo. Il fallait bien qu’il se détende un peu entre deux fouilles infructueuses. Il a donc transmis ses gènes à une Kasaïenne. Le gène roux est récessif. Cela signifie que toute ma famille le possède, bien qu’il n’apparaisse pas dans nos phénotypes, à part bien sûr mes taches de rousseur visibles à la loupe.
Dans mon entourage, il y a pléthore de brunes et une blonde d’origine allemande, mais pas de rousse. Dommage, j’aurais bien voulu reconstituer mon patrimoine génétique qui se dilue de génération en génération. Je rêve d’un retour aux sources pour ma descendance. Réveiller le flamand qui dort en moi. Je crois en la théorie de l’évolution mais je suis persuadé que je n’ai rien à voir avec les australopithèques. Je n’en ai ni l’allure, ni le faciès. Je revendique ma rousseur. Je suis bien placé pour confirmer que c’est faux de croire que les roux ont une odeur. Quand je mange une soupe aux carottes ou un potage au potiron, ma peau retrouve tout son éclat, quoi de plus normal.
C’est l’hiver. Aujourd’hui, Bruxelles a les pieds gelés. Ma peau va évidemment pâlir sous le frimas. Mes taches de rousseur seront apparentes. Cela s’ajoutera à mon charme naturel. Certains attendent l’été. Moi, je préfère l’hiver pour draguer. Je vais enfiler mon manteau, mettre un bonnet. Pas d’écharpe pour que mon visage soit entièrement visible. Je pars me promener sur des chemins verglacés à la rencontre de mon destin et de mes amours. Avec un peu de chance, il se pourrait que je rencontre une rousse.
Une insurrection des vulnérables face aux infaillibles
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