L'homme marchait en boitant, le corps brisé par la lourdeur du poids de son existence, dans la rue vide, où la vie était absente, baignant dans un silence absolu, n'allant nulle part. Seul le vent qui sifflait ses notes mélancoliques parcourait les rues, apportant avec lui quelques débris que les hommes avaient laissés derrière eux, vestiges témoignant de leur passage sur cette terre maintenant dépeuplée. Les débris flottaient librement dans l'espace vide comme des spectres qui erraient dans les rues, tourbillonnant parfois en groupe comme des âmes perdues dans cette cité déchue, devenue leur royaume à présent où ils régnaient, libérées de toute contrainte.
Les bâtiments et les magasins qui jonchaient la rue avaient perdu leur couleur et leur fraîcheur. Ils étaient les monuments de l'homme gravés en mémoire de sa vie jadis, comme s'il errait dans un énorme cimetière. Quand il passait devant eux, il ne pouvait s'empêcher de les regarder attentivement comme s'il avait voulu y voir un souvenir fantomatique enfoui jaillir de l'un de ces tombeaux fermés. Quand il posait son regard sur les ruines, sa mémoire redonnait soudainement une vague de fraîcheur à celles-ci. Elles semblaient reprendre leurs couleurs et leurs vies dans l'espace d'un instant... Mais cet instant ne durait jamais plus longtemps que l'instant d'une pensée.
L'homme marchait depuis plusieurs jours sur les ossements et les crânes qui fleurissaient sur le sol, ce décor unicolore qui ne changeait guère. Le temps y semblait suspendu, figé dans cette horloge au mécanisme brisé, ce présent de mort et de ruine, promettant des lendemains sans naissance. L'homme s'effondra alors sur ses genoux, épuisé, les yeux rivés vers le ciel qui était d'un gris saturnien, engloutissant toute lumière. Entre ciel et terre, l'homme cria de toutes ses forces, utilisant ses dernières réserves, comme s'il avait voulu que quelqu'un là-haut entende sa voix:
Pourquoi est-ce que mon présent n'est que ruine et que mort!!!?
Pourquoi je marche sans savoir où je dois aller si ce n'est que vers le funeste destin qui attend chaque homme dans ce monde!!!?
Pourquoi je continue de marcher sur cette route interminable de douleur et de chagrin, espérant y voir la lumière quand le chemin ne mène au final qu'au néant inévitable!!!?
Je marche depuis ma naissance pour finalement ne trouver que vieillesse et que mort. La vie et la jeunesse ne sont que promesse éphèmère, promesse qui nous anime d'espoir, mais ce n'est qu'un piège qui nous donne la volonté de chercher pour les retrouver quelque part sur notre route. Ce ne sont que des mirages et des illusions que l'on se crée pour continuer d'avancer et finalement faire face à un vide encore plus grand!!!
Pourquoi je vous parle à vous qui n'avez ni tête, ni forme!!!?
Je crie au nom d'un dieu qui n'est que mort et souffrance. Votre visage est pareil aux crânes qui jalonnent ma route. Je sais que ma voix ne se rendra jamais à vous, elle s'échouera sur les parois de ces ruines et la seule réponse que j'aurai sera l'écho de ma propre voix!!!
Je suis seul et je le serai toujours. Les seules réponses que j'ai se trouvent tout autour de moi, dans cette déchéance, dans cette moisissure d'existence!!!
Je n'ai plus rien mis à part ma tête qui n'est qu'un crâne vide de vie où l'essence de mes rêves a été sucée jusqu'à l'assèchement total!!!
Ce ne sont pas nos pensées qui créent le monde mais le monde qui crée nos pensées, j'en ai la preuve maintenant!!!
Après son monologue funeste, espérant une réponse qui ne serait pas l'écho de sa propre pensée, une lourde fatigue semblable à celle qui annonce la mort s'abattit tragiquement sur lui, tirant tout son être dans une chute le plongeant dans une déchéance semblable à celle d'un ange banni du ciel. Le temps pour lui sembla s'accélérer, le temps reprit soudainement son cours. Il sentit alors tout son corps se désagréger lentement en des centaines de particules de cendre comme les secondes d'une horloge qui s'écoulaient. Chacun de ses membres, l'un après l'autre, se détachèrent de son corps trop lourd et prirent leur envol d'une légèreté soudaine. Cette poudre noire se métamorphosa ensuite en une majestueuse envolée de papillons polychromes, apportant avec eux toute la gamme des couleurs que le monde jadis recelait en lui. Dans un élan, dans une pulsion de vie, libérant toute cette beauté enfouie, l'homme se libéra de l'austérité de ce monde monochrome.
L'essaim d'épiloptères multicolores s'envola alors, se dispersant sur tout l'horizon gris et morne, parcourant les ruelles et les rues dévastée, frôlant les bâtiments, les monuments en ruine, peignant de leurs ailes les surfaces sombres et abîmées de couleurs plus vives les unes que les autres.
Les derniers restes de cendres de l'homme tombèrent en amas sur le sol desséché. Elles s'enfoncèrent ensuite comme des noyaux, transperçant de leurs racines puissantes la terre froide et dure, faisant naître des centaines de fleurs peintes dans de magnifiques ton pastels.
Le ciel éclata en sanglot, pleurant sur la terre sèche comme si des milliers d'êtres, des nouvelles naissances, s'échouaient sur la terre sans vie. Les cimes des arbres dont la mort avait aspiré toute vie jusqu'à la sècheresse, reprirent toute leur fraîcheur et leur vitalité revenant d'un vert plus vif qu'il n'avait été auparavant. Leurs veines se gorgèrent de sève, faisant battre leurs coeurs à nouveau.
Le sol étouffé par toute cette mort respirait enfin. La renaissance était la promesse que la mort avait faite à l'homme. La mort tient toujours sa promesse...
Tu m'interpelles toujours par tes textes. Ils sont puissants. Ici les idées s'entrechoquent, les images de mort d'abord contrastent avec la vie ensuite... c'est très réussi à mon goût !
La seule chose où j'apporterai ma rectification, mais ceci est juste ma façon de penser est sur le final.
Tu dis :
"La mort tient toujours sa promesse." Dans ton sens, il faut mourir pour" re-vivre", donc, je serais incitée à dire :
"La vie tient toujours sa promesse" car c'est elle qui reprend toujours le dessus, tu nous le prouves par ton écrit,ce qui est magnifique en mon sens.
Ceci étant, nos deux points de vue sont discutables et aussi valables l'un que l'autre. C' est un peu comme l'histoire du verre vide et du verre plein !
Merci pour ce très beau partage.
Mawr
Les mots sont à la pensée ce que l'eau est à la terre: la vie!
Tu m'interpelles toujours par tes textes. Ils sont puissants. Ici les idées s'entrechoquent, les images de mort d'abord contrastent avec la vie ensuite... c'est très réussi à mon goût !
La seule chose où j'apporterai ma rectification, mais ceci est juste ma façon de penser est sur le final.
Tu dis :
"La mort tient toujours sa promesse." Dans ton sens, il faut mourir pour" re-vivre", donc, je serais incitée à dire :
"La vie tient toujours sa promesse" car c'est elle qui reprend toujours le dessus, tu nous le prouves par ton écrit,ce qui est magnifique en mon sens.
Ceci étant, nos deux points de vue sont discutables et aussi valables l'un que l'autre. C' est un peu comme l'histoire du verre vide et du verre plein !
Merci pour ce très beau partage.
Mawr
wow! Merci pour cette éloge et oui effectivement tu as raison pour la final. Je voulais inverser sens mais ton idée marche vie aussi je me demandais si beaucoup de personnes vont dans la rubrique ''nouvelle litteraire'' ou les poèmes prédominent, puisque le nom du site est ''lapassiondespoemes'' ? Entoucas encore merci
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