Par-dessus les hauts murs de tes profonds silences J’ai cru voir par instant des bribes de mon enfance. Un jardin ombragé planté d’un marronnier, Quelques arbres fruitiers sous un soleil d’été Gorgés de beaux fruits rouges qui me tendaient les bras Et que je regardais à travers le judas D’une cabane en bois où j’étais enfermé Le temps que tu reçoives cet homme endimanché…
Par delà les silences de tes lèvres fermées J’ai entendu tes cris et tes gémissements Que je prenais alors pour le doux chuintement D’une bouilloire, sur le feu de bois, oubliée, Et où se réchauffait l’ivraie de mon goûter Que tu me préparais chaque jour de l’année, Me dévorant des yeux comme un fruit défendu Quand je mordais le pain d’un élan résolu…
Par delà les non-dits de ta bouche vermeille J’entends le bruit des pas de cet homme inconnu Que je voyais de dos quitter ta chambre, repu. Et mon ciel obscurci retrouvait le soleil Lorsque tu te hâtais pour venir me chercher Sans avoir pris le temps de recouvrir ton corps. C’est la que je connus le plus beau des trésors Et je crus chaque fois que tu étais une fée…
Par delà les ouï-dire des bigotes bien- pensantes, Dont les phrases assassines résonnent à mes tympans Lorsque je vais te voir Ô toi ma chère absente Dans ce petit jardin planté d’arbres charmants, Avec ta petite fille qui te ressemble tant, J’aurais voulu savoir, mettre fin au mystère, Ce vieil homme que je vois sur ta tombe pleurant Etait pour toi l’amant, était pour moi mon père ?
Beau et touchant, mon poète ... celle-là qui a permis aujourd'hui à mes yeux de connaître ce bleu splendide de l'encre de son enfant ... elle avait tant travaillé pour le bien de cette communauté qui m'est aussi chère que le chez moi familial.
moi qui découvre ce poème,je dois dire que je le trouve très bien écrit,avec en plus des rimes qui me paraissent vraiment bien trouvées. la fin, en interrogation fait se poser une question qui permet de ne pas sortir du poème,comme si on voulait essayer comme tu dis toi même de "mettre fin au mystère". pour tout cela,je trouve que tu as une plume subtile. bravo à toi. je t'envoie mes sincères amitiés. pyc.
Que de fois ai-je écrit pour ma mère....mon dernier texte est si semblable à ton poème Naej....j'en ai eu des frissons ! On a donc le goût de mère dans la bouche ! bisous .
"Avec ta petite fille qui te ressemble tant, J’aurais voulu savoir, mettre fin au mystère, Ce vieil homme que je vois sur ta tombe pleurant Etait pour toi l’amant, était pour moi mon père ?"
M-Thé : Il est de la même famille que ton dernier texte...
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Jacques : Je pensais que tu le connaissais... Alors je suis très heureux de l'avoir reposté... Oui, beaucoup de références à mon passé professionnel lorsque je parle de l'enfance... Mais parfois à mon propre passé aussi...
Ce que j'aime en ce texte, au delà de l'amour, c'est cette ambiguité que je ressens, d'un adulte qui se remémore et qui réalise peut être ... sans doute Et puis moi les textes nostalgiques, ça me remue à chaque fois ...
Merci
Megliu dà que prumette (proverbe corse) - Traduction : C'est mieux de donner que de promettre
Tu as raison Vinie... Ce n'est que l'état d'adulte atteint que l'on peut mettre des mots sur des images éparses... Mais aussi lorsque l'on est en paix avec soi-même sans doute...
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