Où se lève le soleil d’Europe, se soulève aussi la barbarie Cette poignante lumière de l'aube qui frappe les cœurs pleins de vie Ensauvageant, à tout-va, les envolées de noblesse et de sagesse aux vils appétits de la convoitise C’est le fléau, la bête abominable, qui couche corps et âmes dans son lit de cendres grises En pâture, crus, dans ses crocs de géhenne bavant du délire de la haine Sacrifiant à ciel ouvert, sur les champs de bataille, toutes les passions humaines
Desseins gonflés des hordes de l'apocalypse, plongeant en nuit le jour Dans les nébuleuses fragrances mystiques et sucrées de gloire et d'amour Par-delà forteresses et cités, ses chairs grossières et vulgaires étalées impudiques, racolent les hommes Au-delà des aires boisées et des célèbres plaines noires fertiles de tchernoziom Leur foi ébranlée s’abreuvant du protoplasme divin d’un passé héroïque Jusqu’à pénétrer leur foutre des folles envies archaïques des récits mythologiques
La démone, doctement obscène, découvre ses faits d'armes obscurs Forçant ceux qui vivaient là, en paix, à vider en plein jour leurs sacs d’ordures À disperser en surface les reflux d’immondices, tous éclatés, des travers de leurs vicissitudes Le pays entier dégueulant l’élixir rouge sombre et ignominieux de la turpitude Elevant inébranlablement la folie des grandeurs des uns contre les autres L’ultime bastion de la chrétienté, mis à genoux, psalmodiant des patenôtres
Les canons s’enhardissent, à perdre haleine, jusqu’aux tréfonds de la mer Noire Violant ce sanctuaire rendu nauséabond jusqu’à plus pouvoir La plaine brunie de bile sauvage n’y suffit plus pour enfouir toutes leurs sulfureuses grenades Il y en a tant, cependant, à défoncer encore durant ces cathartiques olympiades Sourd écœurement du bruit des bottes grasses de fange, en rut, qui affriole La calamité prend son pied, décime, extermine, batifole et fait la mariolle
Quand en charpie, tous les gars de force épousent l’horreur pour venger l’honneur Les femmes et les maisons éventrées et tous les gosses, sous les bombes, pleurent Qui sillonnent en tous sens et se délitent en milliers de bris assassins une fois leurs têtes rompues Qui pour sauver l’espoir étouffent leurs clameurs, main dans la main, en folle débandade éperdue Parmi les décombres galvaudées des fresques et des merveilles du riche passé En vagues successives, déferlant en rouleaux, entre les miasmes fétides exhalés
Chavirent les exilés ballotés au cœur du triste et cruel naufrage Et gronde la colère des lendemains qui chantent cois dans leurs bagages La bannière patriote des frères, fiers, se combattant tiraillée des deux côtés de la frontière ! Au Donbass les saints protecteurs, même, tanguent à la merci des soldats ahanant aux arrières La cruelle, au comble de l'émoi, fracasse les idéaux à coups de mortiers Tirant de joie les salves d’entrée au Panthéon parmi les plus valeureux engagés
Les autres, l'anonymat des fractales d’étoile les accueillera Réunis à l'unisson dans les fragments d’un paysage hors d’état À compléter les bataillons sans fin de la machinerie moléculaire à l'origine de la vie Et pour le flot de réfugiés, une morsure dévorante, dans leurs poitrines meurtries Léguant au temps de gommer les crimes et recoller les fables de la grande histoire Et gisant, les restes d’atours d’horreur et de sang de la guenon, accablant les mémoires
La terre béante toujours fumante, alors, exhibe à vif ses plaies nues La tronche broyée de remords, les vieux camarades, entamant leur mue Seuls sourdent, peu à peu, les chuchotages d’outre-tombe autour de ces sordides ruines de fin de monde La nostalgique mélodie du renouveau accrochée au cœur pour panser les douleurs profondes Dans l’ombre, sur la pointe des pieds, la grogne aux entrailles guerroyant en osmose La honte et la boue entremêlées de clémence pour rebâtir la paix, la bouche close
Sans tomber le masque, les régnants, relèguent enfin la gueuse aux oubliettes Tirant les ficelles, la choieront en douce où elle purge “perpète” Et à grand frais, exerceront comme des ânes l'artillerie lourde dans l'âpre moiteur de son cachot Passés maîtres-chanteurs, à l'heure des comptes, pour blanchir leurs impostures à tire-larigot Bradant bonheur des territoires et défense de la biodiversité Pour la poudre nucléaire de perlimpinpin, tout le tsointsoin et la sécurité
Leurs exactions mélangées aux vers de terre, bien cachées, à l’abri Parmi les dédales d’amnésie générale, manu militari Pour garder la mainmise sur les ressources dans les nouvelles limites planétaires multipolaires Et relancer la grande industrie florissante des velléités politico-militaires Ménageant la chèvre et le chou, pareil au diable qui pisse dans un violon Les fruits merveilleux de la chevauchée fantastique agrippés à ses féconds mamelons.
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