Regard sur L'histoire d'une gamine Élevée par sa grand-mère Qui vient de décéder quelques semaines plus tôt et à laquelle elle n'a pu dire au revoir.
Comme pratiquement tous les jours, son regard est braqué sur la maison. La porte est close les adultes ont pris les clefs. Interdiction d'y pénétrer sauf pour eux. Prendre quelques effets personnels pour l'habiller. Elle en est là de sa contemplation Lorsqu'un bruit énorme la secoue tout entière Puis des flammes plus loin, immenses, la fumée, Tout se rapproche très vite, les flammes lèchent le toit de la maison. La fenêtre de sa chambre, ce vieux lampadaire qui la nuit lui faisait peur Il va mourir, elle ne le regrettera pas. Ses larmes coulent, tout s'embrase, Elle y voit ses craies d'art qu 'elle n'a pas rangées fondre comme des bougies, Couler de graisse sur la table, engluant la nappe en taches sanguinolentes. Puis sa belle poupée sur l’étagère, droite dans son carton au couvercle transparent, Debout comme un mannequin dans sa vitrine, jamais elle ne l'a touchée, juste regardée, lui parler comme à une amie importante. Elle y voit la petite étiquette cousue sur la robe émeraude En lettres dorées « Gégé ». Tout s’accélère dans son esprit, c'est le pantin de bois articulé pour ses croquis qui essaie de fuir. Une torche rouge courant sur la table. Tous ses trésors amassés, bouts de chiffons, petits secrets, l'herbier qu'elle a fabriqué patiemment. Ses larmes coulent, sans sanglots, juste une rivière d'eau salée à évacuer. Horrifiée et pourtant autant subjuguée, quand elle voit ses livres, qu'elle entend le bruit du crépitement si particulier du papier comme si elle était juste à côté, en ressentant l'odeur étouffante. Ces livres, immense trésor qui l’emmène dans leur nuage de fumée. Puis c'est l'apothéose lorsque ses tubes de peinture apparaissent, explosant tels des pétards colorant les flammes de rouge, vert, bleu, arc-en-ciel dans sa tête. Puis plus rien, deux bras vigoureux l'empoignent, gesticulent, pantins sans voix et sans visage L'emportant au loin. Dernière image "mémé" est partie en fumée.
Les journaux publieront Le feu s'est déclaré au 37 rue B, la teinturerie R s'est embrasée, deux maisons celles du n° 39 et 41 sont dévastées. Heureusement nous ne déplorons aucun décès, ni blessé.
Et moi j'aurais rajouté : Juste une enfance calcinée.
Tuer le nomade c'est tuer la part de rêve où toute la société va puiser son besoin de renouveau.
Bruits, odeurs, sensations... Tout ce qui compte pour elle s'en va en fumée. Et comme elle est trop jeune, personne ne lui autorise l'accès. En plus du deuil, ces flammes qui avalent tout. Faisant table rase des souvenirs. De cette vie qui fut ! Très beau texte sur le thème. Merci pour le partage
Merci beaucoup Lacase Pour ce regard posé sur " Ce bout de mon histoire ...Il y a longtemps, mais certains moments reviennent parfois, une odeur, certaines couleurs.
Tuer le nomade c'est tuer la part de rêve où toute la société va puiser son besoin de renouveau.
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