Le temps s’étire sous mes pas solitaires, La ligne des forêts qui s’ancre dans la terre Découpe les dentelles que les lumières confondent Aux étoffes maternelles de la robe du monde.
J’enivre mon regard de la folie des feux Du soleil qui s’écrase en un brasier ardent Il inonde les champs de son voile sanglant, Et incendie les fleuves en des rubans soyeux
Serait-ce écrit en clair dans les lignes de l’humain Gravé la mise en garde dans la paume d’Adam L’annonce d’un crépuscule sans promesse de demain Sous son pas implacable se retire le temps
La nature fatiguée sous notre emprise se lasse Perfusée, synthétique on la répare en vain Elle veut les grands glaciers, les prairies, les espaces Dévaler les ruisseaux, les lacs, rejoindre la mer enfin
Nul plus que moi n’a aimé ses matins, Les premières heures de givres où frissonnent les espoirs La tiédeur du couchant animé du carmin Où nous disions chacun nos poussières d’histoire
J’ai frôlé les velours des tiges maigres du lin J’ai apporté mes jeux au couvert des forêts. J’ai bu à la rosée et porté ses parfums Désiré l’insouciance promise des étés
J’ai savouré les marches de chacune des saisons Les labeurs de l’automne dans son assoupissement Les festons de la neige aux vitres des maisons Les cascades des fleurs aux fruitiers du printemps
J’ai vu partir les grues et courir le furet Et attendu en vain l’annonce des retours Vu reculer les champs, assécher les marais Recalculer les heures de la durée du jour
Nos réveils ne sont plus aux concerts des oiseaux On rythme nos journées au son de l’autoroute La nature n’a plus guère que la saveur d’un mot Qu’on appose au logo du pot mou d’un yaourt
Nous sommes venus sur terre en époque brûlante Imposer les débris de notre évolution Mêler les molécules à la sève des plantes, Et nourrir les poissons d’ignifuges planctons.
On nous dit être à l’aube de la grande extinction Voulant marquer le monde de notre Humanité Nous laisserons sur la terre chaos et pollution Abandonnant aux cendres nos rêves d’éternité
Un poème empreint d'une implacable vérité, malheureusement ! Toutes ces belles choses vécues, tout ce temps passé où d'autres valeurs existaient n'est plu.
Merci pour ce retour dans ces années et ces souvenirs intenses qui s'en dégagent.
Mawr
Les mots sont à la pensée ce que l'eau est à la terre: la vie!
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