Le voyage dans le contraire




Sur le cahier la bave de l'encre décore le brouillon des mots
Normalisant sans certificat leurs jambages immatures
Sur le délié des lettres en combinaisons noires
Illustrant sans structure leurs compréhensions imagées
Mais pourtant peu à peu l'éloquence affirme son art
Sur le lyrisme des figures messagères en écriture
Entre deux phrases contraires que seul le ton sépare
Parmi l'incessante échappée de la plume délivrante.

Durant quelques lignes la libre pensée voyageuse s'allonge
D'un seul élan du même temps que les idées prépondérantes
Puis soudain une virgule, en blessure, coupe le vide
Dans le suivi du terme et l'alignement de la pensée s'inverse
Dans le voulu de la présentation à l'opposé de la phrase
Au retourné en artifice dans la relance calculée
Enfin un point perfide clos le cri à la lèvre de la strophe
En minuscule rondeur sous la noirceur de son affirmation.

Avec une foi à transcrire sur de rapprochants contrastes
Le poème se teinte sur les limites imprécises de l'harmonie
Où la volonté vocalise pour surprendre et captiver le rêve
Dans le pourquoi de sa puissance volubile mise à la page
Souvent dans la sueur incluse des paroles pour la musique
Et le momentané du rythme pour l'enchantement des mémoires
Puisque le déroulé du trait s'inscrit comme un buisson ardent
Sans cesse flamboyant aux méandres singuliers de l'imaginaire.

Chassé-croisé sur les cadences à l'unisson du vers inspiré
Une rivalité entre syllabes les liant au dessein de l'esprit
Dans une identique mesure à l'unité sinueuse de l'invention
Le fort et le faible pour le pouvoir des mots en sonorité
Un nombre variable sur l'amalgame à contresens du mélange
À l'improviste le prévisible devenant aussitôt l'inattendu
Dans le transport bienheureux et le prononcé de l'écrit
Pour le charme de l'oreille lisant sa contrastante vérité.


Extrait de "Si sensibles syllabes" dans "LES PREDICALES"