Être adoubé par le flot de la marée. Quand un rocher s’en mêle, sans conviction, il écartèle les vagues parfaites, sans objectif, qui se suffisent à elles-mêmes.
Il écartèle la régularité rectiligne du courant marin dans son indifférence infinie d’être minéral, quand on racle le fond du plancher océanique et qu’une vague se lève, MIRACLE ! Un mouvement soudain, causé par l’immobilité, comme une électricité statique, parcourt toutes les choses de la Terre.
Le rocher est épargné, malgré son statut causal, par le soulèvement soudain des molécules aqueuses. La vase visqueuse s’agite et vomit son immondice sur le sable fin, propulsée par l’onde générale, pleuvent les algues en série de vingt.
Vingt êtres similaires aux formes variables s’étalent sur la terre meurtrie à moitié trempée par le ciel et le sel. Seulement trois touchent le sol, six autres restent dans l’air à moitié et onze s’envolent à nouveau vers un ailleurs supposé, une autre terre moins jaune.
Vert est désormais le dessous de nos pas. Un glissement honteux fait
Choir la parole dans un trou sans fond. Le départ est oublié quand l’arrivée s’évanouit dans les esprits. Pris dans ce flot nous nous fustigeons enfin de notre folie fulgurante.
Il est trop tard désormais.
Tout le monde craint
D’être emporté par le mur avançant unilatéralement
Sur la contrée agitée. Grouille la vie menacée en un crépitement infâme, les hommes et les femmes et les autres se piétinent et se chevauchent motivés par leur infructueuse panique absurde.
Sourde à la réalité de la mort imminente, la populace prend la place de la vermine empoisonnée par la force supérieure aveugle à son chaos. L’eau s’infiltre dans les esprits et fait peser son érosion mentale. Un tremblement vital agite la patrie des parasites affolés. Tout le monde est porté par la gravitée inversée, tout le monde s’envole, même les êtres de béton.
Tombés dans le ciel, leurs cris sont éteints par le vent alors que l’eau les enlace et les étouffe. Un calme séquentiel vient apaiser, un temps seulement, la trame brisée de l’existence renversée par les circonstances.
Et tout recommence par une surprenante constance. Encore les corps s’écrasent entre eux, projetés par le courant de leurs pensées brouillées et par la force tellurique de la poussière.
Les larmes de désespoir se mêlent au sel impitoyable, faisant choir les armes traditionnelles tant rassurantes. Susurrant la conclusion de son aventure ignoble, la noble nature fait peser sa morale sur les griffures et les cris des êtres dans le déni, trop occupés pour l’écouter.
Tout le monde aime
Oublier sa condition d’être limité
Se laisser porter par son humanité
Mais il faut se rappeler que nous sommes tributaires de l’indifférence des forces furieuses qui nous dominent
Et nous piétinent. Comme un champ de trèfles sur une pelouse estivale, lors d’un festival, nos vies s’achèvent au rythme d’une danse discordante dont chaque pas est un cercueil,
Dont chaque pas est un écueil. Sans malveillance, le hasard nous extermine dans sa toute puissance inconsciente. Chorégraphie alcoolisée, sacralisée, les desseins se dessinent et s’entremêlent avant d’être annulés.
Et pourtant
Notre maigre pouvoir est la subsistance d’une couleur uniforme, ou presque.
C’est pour cela, pour cette ambition de fleur annuelle, que nous demeurons animés dans le mouvement de notre pousse, que nous prions pour subsister avant la fin inéluctable.
Malgré la peur et la terreur de l’inconnu, malgré cette connaissance que la croyance ne parvient pas à recouvrir, malgré la mort à découvrir,
Nous partageons la fête à d’autres têtes,
Pour nous sentir moins seuls, avoir des baisers sur nos linceuls.
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