Je m'appelle tristesse J'ai le cœur qui se blesse À la moindre faiblesse, Je suis fragile, Pas difficile, Je tombe de haut Au moindre bobo. J'ai le cœur plein de tendresse, Je fonds en larmes À la moindre caresse, Et si on me blâme Je m'écroule dans le caniveau Me saoule aussitôt De tout plein d'eau. Je m'appelle tristesse Je suis pleine de noblesse, M'incline devant la joie Qui me vole tous mes émois. Je m'appelle tristesse Je suis effilée Comme une aiguille à tricoter Comme mon intime la peine Aux invisibles chaînes Qui dans ses malaises N'a rien à m'envier. Je m'appelle tristesse Je suis le fantôme, l'être, Qu'on n'ose connaître. Les vibrations de mon cœur Sont d'une sombre humeur, Tout cloche, clache, tape, toque Et frappe sur ma triste mine Qui déconne, détonne, étonne. Enclenchée, claquée, développée, Je m'affiche et ne paye pas de mine, Comme de la fine farine je suis tamisée, Parsemée de brumeuses idées. Je suis d'allure émotionnelle D'une douleur perpétuelle De l'hiver à l'automne Je suis monotone. La solitude aux multiples visages Est ma douce compagne. Dans les entrailles de mon âme Le blues me rassure, De cette âme qui se voudrait pure De mon triste ciel Nourri de son spleen Qui se confond en rimes. J'imprime l'essence de l'ambiance, J'imprime les tristes ondes Qui jusqu'à moi vagabondent, Et vis de tous ces états d'âmes Qui me guident dans ma douce errance. Je m'appelle tristesse Je suis un royaume complexe Où règnent la lumière et la noirceur Les rires et les pleurs. En prouesse, les maladresses De mon sang sont l'ivresse De fortune de grisaille Quand je sombre Me confond à mon ombre La faille sur le poitrail. La pluie, complice de ma nostalgie, Me régale de ma mélancolie. Je me complais d'une telle amie À l'ambiance du gris sur la vie. Je m'appelle tristesse Et c'est un abandon Que d'être une déesse Toujours en désolation. Je suis consternée Devant autant d'uniformité, Ma souffrance C'est mon chagrin Qui dégouline fier Sur ma constance. J'ai l'ennui d'hier L'angoisse de demain Je suis morose Rien qu'à l'idée D'être lassée De ma propre nostalgie Qui s'en va en prose À chaque ecchymose. Quant à ma neurasthénie J'n'en fais pas une maladie. Bon je m'en vais au port Donner le réconfort À Tristan mon père Qui se noie dans son verre, Qui s'extasie avec délectation Devant Madame Jubilation.
Tu peux t'approcher Je me suis calmée Mais tu peux pas me délaisser Je suis comme le rocher Toute érodée. Je m'appelle tristesse.
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