Il était une fois, un bel arbre Seigneur dans le ciel azuré Qui vivait tout près des foyers A la gloire des quatre saisons Toujours plus beau, plus édifiant Immensément enraciné Humblement et sans prétentions Comme un pilier immuable Symbole viril en érection Fort imposant et superbe Trônant au cœur de la cité
Jamais je n’ai connu géant Ni telle pareille sensation Ni si grand bonheur au sommet La joie de vivre, tout simplement Au pied de son dôme organique Ramages tendus à travers temps Bruissant l’hymne de l’éternité Divins parfums de feuillage Doux arômes de bois sauvage Embaumaient mon petit quartier Figure fatale couleur de jade
Quelle abondance dans sa nature Dressé à la faveur des dieux En accord entre ciel et terre Très noble et solennel lorsque Arborant l’emblème de la Paix Il soufflait sa force vitale Au centre du monde alentours A toutes classes et à tous rangs Protégeant la diversité Animale ou végétale Pour le plus grand bien de chacun
Se courbant plein de courtoisie Il abritait sous son auvent Les secrets murmures des amants Les ébats des joyeux enfants Les grandes tables des jours en fête Prêtant son ombre aux complots Ses feuilles au vent des décisions Et aux milliers de bestioles Petits oiseaux ou écureuils Caracolant de branche en branche Se pelotant en nids douillets
Mais aujourd’hui, c’est ta fête Très fier du haut de tes cent ans Tu es tout décoré de rubans Enturbanné de rouge blanc Le quartier tout entier bouclé Pour répondre au plan de logement Une tour de plusieurs étages Bouleversant les éléments Siégera en lieu et place Pile là où tu resplendissais Au grand dam des protestataires
Eux, bien trop fragiles pour gagner Frêle foule en colère qui t’enlace Quand criant désespérément Tu accuses les coups en silence Réunis en baroud d’honneur Défiant les gendarmes aux aguets Tentant de sauver la planète Et ses petits îlots de vie Contre la folie des grandeurs Dans l’indifférence générale A l’heure des désordres climatiques
Toi, si grand colosse impuissant Pris au piège du bal effréné Le va-et-vient implacable Des scies mécaniques en furie Et des pelleteuses déchaînées Arrivées beuglantes, en grande pompe Qui s’entrechoquent comme des démons Quelle horrible cérémonie ! Les candides dryades coupées net Jetant à terre l’arbre centenaire Rallumant l’âme des feux follets
Esprits meurtris écorchés vifs Virevoltant aveuglément Tournoyant en rondes frivoles L’air absurde et déboussolés La valse des copeaux abrutis S’évanouissant lentement Comme l’espoir de sauver encore L’essence de la Terre nourricière Le plus grand prédateur connu Livrant la Nature en pâture Bientôt vraiment, seul comme un con.
Bravo pour ce très beau et valeureux poème à l'écriture sensible et lyrique. Si, malheureusement, on assiste impuissant à la mort du centenaire, il arrive parfois, la mobilisation des habitants étant assez forte, que les prédateurs soient déboutés.
Brassens aurait pu être sensible à ce poème bien touchant "Auprès de mon arbre, je vivais heureux, je n'aurais jamais dû le quitter des yeux". Merci à toi Bien amicalement ODE 31 - 17
Tous les textes hébergés par La
Passion des Poèmes sont protégés par les lois
de la protection des droits d'auteurs ainsi que par des traités
internationaux. Il est strictement interdit de distribuer, d'afficher
ou d'utiliser ces textes de quelque manière sans l'autorisation
de l'auteur du texte en question.