UN MOMENT DE SILENCE


Elle est là, silencieuse, parfumée
Qui ne dit mot... Qu'on sent...
Les fragrances du corps comme unique artifice
Émanent de ses pores naturellement.

Rien chez elle ne semble avoir changé
Après toutes les années
Que ma bouderie absurde
Lui avaient infligé.

Elle n’ose me toucher,
M’effleure, simplement
Du bout de ses baisers
De ses effleurements,

Mon silence est le sien
Elle avale mes mots
Les siens sont dans ma gorge
Et me font un garrot.

Je manque d’oxygène
Et cherche de ma bouche
L’ouverture de la sienne,
Que finalement je touche.

Nos langues intimidées
Cherchent, puis reconnaissent,
Célèbrent en résumé
Le festin retrouvé,

La fin de la carence,
Que dis-je, de l’abstinence ;
Et fêtent la résurgence
D’occultes voluptés.

Devant nous le canal stagne,
Insensible à la course du temps.

Evin

Un instant de silence où bien des choses se font comprendre en pensées profondes et bien détaillées dans ce merveilleux poème.
Bises E 20
ODE

"effleure" et "effleurements" dans le même quatrain, ça me gêne un peu mais en dehors de ça je me suis laissé emporter par cette description subtile de ce qui semble être des retrouvailles, sur fond de timidité, de pudeur. Le crescendo vers ce délicat baiser est très joli, c'est bien amené.
"La résurgence d'occultes voluptés", j'ai adoré !
Quant au distique final, bien vu de recourir au thème classique de l'écoulement de l'eau pour parler du temps en évoquant ce "canal figé", image presque surréaliste.

Au final :

LYKAN

Ah ! Les retrouvailles ! Beau sujet que vous avez bien cerné, entre l'excitation, le manque à son paroxysme et la redécouverte !

Je trouve assez curieux les références très biologiques de l'oxygène et de la carence. Surtout l'oxygène à mon goût qui vient un peu trop alourdir la métaphore filée pourtant très bien sentie du quatrain d'au dessus. Surtout que c'est un topos assez convenu.

Mais sinon c'était une très belle lecture, que de souvenirs qui reviennent !

A bientôt ! Colin

Merci ODE; Tu me combles, à ne pas tarir d'éloges à mon égard (à celui de mes modestes écrits).
Pour tout expliquer, il fut écrit à chaud, relatant ce moment passé récemment sous le regard bienveillant du canal latéral. Mais, Chut !
Je te souhaite une bonne journée,
Bises ODE
Evin

Merci Lykan,
Merci Colin,
Pour votre appréciation, ainsi que pour vos remarques fort justifiées et qui me sont bien utiles.
On a beau se relire mainte fois, on ne comprend pas toujours tout ce que l'on a écrit. Avoir toujours en tête l'adage suivant : "La perfection n'existe pas en ce bas monde", donc, peut mieux faire.
Il m'arrive (rarement) d'être content de mon travail (qui est aussi un grand plaisir), et dans ces moments, je pourrais me relire cent fois que je ne verrais ni n'entendrais une répétition ou l'utilisation d'un terme inaproprié (pour avoir cédé à la facilité). Ça rélève du péché d'orgueil, je crois... on ne se refait pas.
En tout cas, merci encore, et au plaisir de nous rencontrer au coin d'un page qui ne s'est pas tournée.
Bien amicalement,
Et Bonne journée,
Evin

Bonsoir Evin,

Je suis ravi de constater que vous n'avez pas mal pris ma légère remarque personnellement, cela vous honore. Je pense comme vous, la poésie est toujours perfectible, jamais accomplie, pour autant elle peut être réussie et il n'y a aucun orgueil mal placé à s'enivrer du plaisir d'avoir écrit ce qui devait l'être.

Colin

Bonsoir, Colin,
Je vois que nous marchons sur le même sentier, celui qui nous apprend qu'il faut cent fois sur le métier remettre notre ouvrage... J'ai en effet appris que quelque soient les exercices que j'ai pu pratiquer, à chaque répétition ils étaient mieux exécuté. Qui sait si à chaque fois nous ne nous bonifions pas nous-même ? Certains seraient-ils habités par l'Amour du travail bien fait ? hum... J'ai peur de ne plus être à la mode...
Bonne soirée, Colin,
Bien amicalement,
Evin