Dans un lieu non précisé, Les ruines d’un château surmontent Un paysage de ses pierres brisées Mais, on y entend parfois un étrange conte Sur une une jeune et solitaire châtelaine Blanche comme la neige, belle et fière, Immortelle dans la mort inhumaine… Voici son histoire, jadis ou hier :
Le temps était maintenant venu… Dans la nuit triste, sourde et nue Elle attendait son Roméo de tout son être Dans le silence et debout, irréelle, à la fenêtre
Un début de froidure enlaçait de gel Les branches des ifs et autres conifères En ces neiges de février et d’hiver La Fête de Saint-Valentin, tout de miel S’achevait au bal masqué des amants
En bas, minuit à l’horloge, le sax sonne Et en haut, dans sa chambre, elle frissonne…
«Ah, peut-il venir?», se dit-elle, en ce moment Car elle espère et se désole, pauvre Juliette, Pleurant sur son sort en son âme désemparée Car l’amour ne fut qu’encore qu’un souhait désiré
Et dans une bourrasque, la fenêtre s’ouvrit, l’espagnolette Comme tirée soudain par une main invisible. Le chemin… Du vent froid s’engouffra, soulevant les rideaux carmins Qui étouffèrent les chandelles dans la pénombre obscure…
Coralie s’avance aux travers des flottantes tentures, En sa robe de soie, toute de virevoltantes voilures… Et une voix du dehors l’appelle comme un supplique sûr :
«Les saisons de ma passion ne connaissent pas de fin, Viens avec moi où il n’y aura ni neige, ni vent, ni faim Ou encore, soif ou engelure… Je te tiendrai la main, Va au devant, Roméo et Juliette seront ensemble, enfin »
Et comme dans un rêve troublé, elle s’avance alors Jusqu’au balcon luisant sous la lune et les astres d’or Une main informe la saisit comme surgit de nulle part Et dans la noirceur, l’ombre fantasmagorique de la mort Apparaît et l’enlace de son bras squelettique et blafard… Tout en lui chuchotant ces paroles glacées :
« Roméo et Juliette comme 40, 000 autres couples avant, Sont maintenant ensemble, pour l’éternité, trépassés… 40,000 couples qui meurent chaque jour, agencés Par les bons offices de votre serviteur, ici, présent… Il ne tient qu’à toi d’aller les rejoindre en suivant Ma voie : viens le chemin et ta destinée sont tout tracés… Suis les pas du faucheur de vie et tout en l’escortant, Tu obtiendras l’immortalité et l’amour que tu voulais tant…»
Elle s’arracha et contemplant l’ombre noire qui s’était tue Sans visage, au capuchon sommairement rabattu Et, sans une seconde d’hésitation, elle courut, statue… Tendant les bras au-dessus de la nuit funèbre Pour ensuite plonger dans l’immensité des ténèbres Dans un puits sans fond où la mort s’empara d’elle À jamais… immortelle…
« Les saisons de mon cœur froid ne connaissent pas de fin, Venez avec moi où il n’y aura ni pluie, ni vent, ni faim Ou encore soif ou tristesse… Je vous tiendrai la main…»
… Murmure encore le vent dans la solitude de l’hiver Au travers des boisées aux lunes pleines de février Comme la légende le raconte sur maints calendriers À la Saint-Valentin de givre, aux amantes solitaires… Égarées en ces lieux abandonnés, trop téméraires …
********************************************** *Inspiré par la chanson «Don’t Fear the Reaper» (de «Blue Oyster Cult») :
«Our times have come Here but now they're gone Seasons don't fear the reaper Nor do the wind, the sun or the rain.. we can be like they are Come on baby...don't fear the reaper Baby take my hand...don't fear the reaper We'll be able to fly...don't fear the reaper Baby I'm your man...
Valentine is done Here but now they're gone
Romeo and Juliet Are together in eternity...Romeo and Juliet 40,000 men and women everyday...Like Romeo and Juliet 40,000 men and women everyday...Redefine happiness Another 40,000 coming everyday...We can be like they are Come on baby...don't fear the reaper Baby take my hand...don't fear the reaper We'll be able to fly...don't fear the reaper Baby I'm your man...
Love of two is one Here but now they're gone Came the last night of sadness And it was clear she couldn't go on Then the door was open and the wind appeared The candles blew then disappeared The curtains flew then he appeared... Saying don't be afraid Come on baby...and she had no fear And she ran to him...then they started to fly They looked backward and said goodbye... She had become like they are She had taken his hand...she had become like they are Come on baby...don't fear the reaper »
-Blue Oyster Cult…
"Nous rencontrons l'amour qui met nos coeurs en feu, puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendres." [Tristan L'Hermite, extrait de "Les Amours"]. "Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres." [Elsa Triolet, extrait de "Le Grand Jamais"].
Et bien quelle noirceur, à donner le frisson.
Connaître l’amour en s’offrant à la mort…
Des paroles de faucheuse, des promesses de retors.
Beau texte Lograth
Amitiés,
Jean-Paul
Amoureux de la vie, des femmes et du vin (Car je suis fier d'être Bourguignon
Oui, Jean-Paul, tu as bien saisi l'idée...
Merci de ton passage et de ce commentaire très apprécié...
"Nous rencontrons l'amour qui met nos coeurs en feu, puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendres." [Tristan L'Hermite, extrait de "Les Amours"]. "Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres." [Elsa Triolet, extrait de "Le Grand Jamais"].
Une atmosphère oppressante, obsédante, comme le crissement d'une porte ou le givre qui monte sur la vitre glacée...Une vision de l'amour extrème et douloureuse, qui ne s'accomplit que dans la mort...pour une éternité entrevue derrière "l'amant noir" qui tend ses bras décharnés...
Tu as réussi à faire d'une légende un poème harmonieux et profond, dont les accents m'ont bouleversée à sa lecture. Bravo Lograth ! Romantique et fantastique dans les vrais sens de ces termes...
Merci Volcane pour ton passage et ce merveilleux et fantastique commentaire...
"Nous rencontrons l'amour qui met nos coeurs en feu, puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendres." [Tristan L'Hermite, extrait de "Les Amours"]. "Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres." [Elsa Triolet, extrait de "Le Grand Jamais"].
Euh, merci chère Loup... Tu vas me faire rougir, là...
Mais, merci pour la nomination...
"Nous rencontrons l'amour qui met nos coeurs en feu, puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendres." [Tristan L'Hermite, extrait de "Les Amours"]. "Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres." [Elsa Triolet, extrait de "Le Grand Jamais"].
Euh, merci Marine... Merci encore (que dire d'autre?)
"Nous rencontrons l'amour qui met nos coeurs en feu, puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendres." [Tristan L'Hermite, extrait de "Les Amours"]. "Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres." [Elsa Triolet, extrait de "Le Grand Jamais"].
Re-merci pour ce commentaire, à nouveau, chère Lacrima, pour celui-ci...
"Nous rencontrons l'amour qui met nos coeurs en feu, puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendres." [Tristan L'Hermite, extrait de "Les Amours"]. "Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres." [Elsa Triolet, extrait de "Le Grand Jamais"].
Tous les textes hébergés par La
Passion des Poèmes sont protégés par les lois
de la protection des droits d'auteurs ainsi que par des traités
internationaux. Il est strictement interdit de distribuer, d'afficher
ou d'utiliser ces textes de quelque manière sans l'autorisation
de l'auteur du texte en question.